Agriculture : "On mange, dort et vit loup", l'appel à l'aide des éleveurs face aux nombreuses attaques

Le loup est un prédateur redoutable pour de nombreux éleveurs. Il est de plus en plus présent en dehors des Alpes, dans des départements jusqu'à présent épargnés. Les brebis de la ferme de Mathieu Moreau ont été attaquées deux fois en un an par un loup. Il a raconté ce premier réveil difficile en août 2024, sur RTL. 

"Le matin, en faisant le tour, tout était étalé dans le pré. 22 ont été tuées ce jour-ci.", dit-il. Selon l'homme, seul le cou était marqué par l'emplacement des crocs. L'intérieur, lui, "était broyé avec une force de mâchoire incroyable". Après une deuxième attaque, deux mois plus tard, Mathieu réagit. Si ses brebis ont besoin de grands espaces la journée, pour pâturer, il les enferme la nuit, dans un petit espace entouré de filets électriques. Une solution vite abandonnée.

"Cela n'est pas applicable avec notre méthode d'élevage. Il y a des journées chaudes, les brebis pâturent la nuit, si on les ferme derrière des filets, la production est très compliquée" explique-t-il au micro de RTL. 

10 attaques de loup en seulement une année

A quelques kilomètres de là, les troupeaux de Bertrand Larue ont subi 10 attaques cette année, 10 prédations selon le terme consacré, bilan 15 brebis tuées. "Aucun problème financier" balaye-t-il, il a été indemnisé, mais la charge psychologique est plus lourde à porter.

"On mange loup, on vit loup, on dort loup. On en a maintenant la peur au ventre". Pour Bertrand, la charge mentale est telle qu'il hésite à vendre son troupeau. Afin de faire face à ces attaques, il pense qu'il n'y a qu'une seule solution. "On veut l'éradication totale dans notre campagne" réclame-t-il. 

Un discours que ne partagent pas tous les éleveurs, lui s'en justifiera par la suite. La dernière attaque avait eu lieu quatre jours avant notre interview.

Qu'est ce que le "plan loup" ?

Le plan loup permet notamment d'abattre ou de prélever, comme disent les éleveurs, 192 loups cette année. Cela représente 19% du nombre total estimé de loups en France. Mais cette méthode de calcul, le secteur de l'élevage la remet en cause aujourd'hui. Claude Fon est le secrétaire général de la Fédération Ovine.

"Le plan loup actuel est un échec parce que la prédation continue d'augmenter et les prélèvements de loups continuent d'augmenter". Selon lui, il ne faut pas se baser sur une estimation de population de loups mais plutôt sur la pression de prédation. Concrètement, d'après le secrétaire général, il faudrait mettre le curseur sur le nombre de victimes. 

Un discours auquel semble désormais adhérer Emmanuel Macron. Il y a deux semaines, le président s'est dit favorable à plus d'abattage de loups.

Un manque de protection des troupeaux

Nathan est éleveur. Selon lui, le nombre d'attaques, soit 1400 depuis janvier, "est stable".  Il est même en légère baisse dans les Alpes, là où le loup est présent depuis longtemps. En revanche, dans les départements dans lesquels la présence du loup est récente, oui, il y a de plus en plus d'attaques. D'après Denis Doublet, vice-président de l'association de protection du loup FERUS, cela s'explique très simplement.  Pour lui, ces nouveaux départements ne sont pas bien équipés.

"La plupart des troupeaux ne sont pas protégés. L'État ne facilite pas du tout les aides pour que ces éleveurs puissent bénéficier des moyens de protection". Les moyens de protection les plus efficaces sont d'ailleurs nombreux selon lui. Clôtures électriques adaptées, chiens de protection, présence humaine... plusieurs solutions existent. 
 
Cette présence humaine, elle, peut être assurée par des bénévoles qui surveillent les troupeaux. C'est ce que propose l'association FERUS Selon cette dernière, cela a permis une baisse conséquente des attaques dans les Alpes, là où cette méthode est mise en place.

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