Nicolas Sarkozy : à qui profite son retour ?

Nicolas Sarkozy revient. Son discours de retour est même déjà écrit et prêt à être prononcé, ou publié, le 20 ou le 21 septembre. Un retour longtemps annoncé, largement commenté et qui ne réjouit pas tout le monde. Au premier lieu, la femme de l'ancien chef de l'État, Carla Bruni-Sarkozy, qui lui aurait "fait une crise" pour l'en dissuader.

Mais d'un point de vue politique, tous les camps, du FN au parti socialiste, peuvent profiter de ce come-back.

Au PS : rassembler contre un ennemi commun

Au premier rang, Manuel Valls se réjouit de la confrontation car il veut le débat avec l'opposition. "J'entends les diverses propositions alternatives de l'opposition, notamment celles réclamant 100 ou 150 milliards de coupes budgétaires. Tout est possible… Il faut donc assumer ce débat", déclarait-il le 16 septembre dans son discours de politique générale. Empêtré dans les dissensions internes au Parti socialiste, le retour de Nicolas Sarkozy pourrait enfin lui permettre de s'en extraire pour se faire porteur de la majorité face à l'opposition.

Tout comme le Front national, Nicolas Sarkozy peut ainsi devenir l'"ennemi commun" dont a besoin le Parti socialiste pour se rassembler. Son premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, a ainsi appelé à "l'unité de la gauche face à la pression. "La dynamique du FN est forte et Nicolas Sarkozy va revenir. Dans ces moments-là, il faut avoir le sens de l’intérêt général", a-t-il déclaré dans Nice Matin.

À l'UMP : redonner un sens à l'opposition

Le parti a été incapable de se réorganiser après le départ de Nicolas Sarkozy. Les scandales et les divisions se sont enchaînés, de l'élection contestée de Jean-François Copé à la présidence du parti jusqu'à l'affaire Bygmalion et les menaces de Jérôme Lavrilleux, en passant par la scission du Rassemblement-UMP de François Fillon et les dettes abyssales du parti. 

Nicolas Sarkozy semble ainsi à certains le plus à même de reprendre les rênes de l'UMP. "Pour notre famille, c'est la meilleure solution", a ainsi déclaré Laurent Wauquiez. Au grand dam des autres candidats à la présidence du parti, tels que Bruno Le Maire, qui réclament le changement.

Surtout, le retour de Nicolas Sarkozy peut profiter aux trajectoires individuelles. Jean-François Copé, renvoyé dans l'ombre du scandale Bygmalion, a ainsi annoncé qu'il allait appeler à le soutenir. En froid depuis les révélations de Jérôme Lavrilleux, les deux hommes se sont rabibochés lors d'un rendez-vous le 5 septembre dernier. 

Nathalie Kosciuzko-Morizet, François Barouin et Brice Hortefeux se sont également placées dans le sillage de l'ex-chef de l'État. Nicolas Sarkozy n'a plus qu'à faire le tri son équipe, dont les membres reviendront immanquablement sur le devant de la scène politique.

Au Front national : "le candidat parfait"

Marine Le Pen attend de pied ferme le retour de Nicolas Sarkozy, une aubaine pour son parti. Selon elle, il n'est ni plus ni moins qu'un "très bon candidat pour le FN" : "L'accélération de la vie politique fait que Nicolas Sarkozy va très vite apparaître comme un homme du passé et d'un passé plombé par ses très mauvais résultats, par les affaires qui se révèlent chaque jour".

Pour le Front national, l'angle d'attaque est facile et efficace. Marine Le Pen compte sur les nombreuses affaires qui touchent l'ancien président pour miner sa campagne électorale. Mais la présidente du FN a intérêt à se méfier, car, pendant son quinquennat, Nicolas Sarkozy a multiplié les appels sur la sécurité et l'immigration, lui prenant ainsi des électeurs.

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