Oui le PSG et Lyon viennent de se qualifier pour les 8es de finale de Ligue des Champions. Mais c'est souvent leur plafond de verre, et dans l'autre coupe d'Europe, l'Europa League, on a assisté à une Bérézina cette saison : pas un seul qualifié à l'issue de la phase de poules. C'est du jamais vu en huit ans.
Patrick Viera, ancien champion du monde aujourd'hui entraîneur à Nice, tente de comprendre. "C'est une déception. Le football français travaille très bien au niveau de la formation. Mais je pense que garder les jeunes talents plus longtemps, ça sera déjà une bonne chose".
La seule excuse financière ne tient plus. Avec 1,15 milliard d'euros de droits TV par an, les clubs vont se partager dès la saison prochaine un énorme pactole qui, paradoxalement, peut aussi devenir un cadeau empoisonné. En fait, cela créé un appel d'air pour de nouveaux investisseurs, souvent étrangers, qui pratiquent ce que l'on appelle le "trading joueur".
C'est de la spéculation. On forme, on achète à bas prix de jeunes joueurs, on les expose et on les vend très vite. Un bonheur pour l'actionnaire. Un cauchemar pour l’entraîneur. Thierry Braillard, ancien secrétaire d'État au sport, met en garde les dirigeants. "Lille avait une magnifique équipe et à l'intersaison s'est dépouillé de cinq de ses meilleurs éléments. Si on flambe une année et que l'année d'après on s’appauvrit pour rembourser, ce n'est pas bon".
Globalement, les clubs français sont structurellement trop dépendants de la revente des joueurs. Seul Lyon est propriétaire de son stade. Résultat, encore 176 millions d'euros de pertes au global l'an passé. Un record depuis 10 ans.
On peut perdre mais il faut se battre
Gérard Houllier
Pour autant, les joueurs et les entraîneurs n'échappent pas à la remise en question voire à une révolution culturelle. Quand Rennes ou Saint-Étienne butent sur des clubs ukrainiens ou roumains, difficile d'invoquer un problème de budget. En revanche, la frilosité tactique, la timidité dans l’engagement saute aux yeux de Gérard Houllier, ancien vainqueur de coupe d'Europe avec Liverpool.
"Je suis choqué de voir comment certaines équipes abordent le match. On peut perdre mais il faut se battre dans un match de coupe d'Europe, il faut courir. Les équipes que j'ai entraînées, quand elles abordaient la coupe d'Europe, elles avaient une faim, une rage de gagner qui était autre que ce que je vois actuellement", déplore-t-il.
En championnat, on s'ennuie parfois ferme également. Il n'y a qu'à regarder les affluences : elles ne progressent pas. 22.300 spectateurs en moyenne il y a cinq ans contre 22.800 aujourd'hui alors que les stades ont été agrandis et rénovés pour l'Euro 2016.
Le spectacle s'appauvrit, tout le monde en convient... sauf Didier Guillaume, le directeur général de la Ligue. "En terme de nombre de buts par matches, on était à 2,8 l'année dernière. Les Allemands sont entre 2,5 et 3. Donc nous ne sommes pas d'accord avec l'affirmation que vous faites qui est celle que la qualité du spectacle a baissé".
La Ligue s'attache surtout à soigner l'emballage en pénalisant par exemple les clubs dont la pelouse n'est pas assez verte ou dont les tribunes ne seraient pas pleines dans le champ de la caméra. Rien, en revanche, concernant le niveau de jeu. La qualité intrinsèque du produit.
"Il n'y a pas de groupes de travail au sein de la Ligue pour réfléchir à comment améliorer le spectacle footballistique, poursuit Didier Guillaume. Nous on n'est pas coach. La qualité du spectacle appartient aux acteurs".
La France pointe toujours au 5e rang à l'indice Uefa, mais elle de plus en plus distancée par les mastodontes que sont l'Angleterre, l'Espagne, l'Allemagne et l'Italie.
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