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Algérie : les jeunes n'ont peur de rien avant la présidentielle de demain jeudi

REPORTAGE - L'élection présidentielle en Algérie doit se tenir ce jeudi 12 décembre, dans un climat d'incertitude et de défiance jamais vu dans le pays depuis l'indépendance.

Les Algériens manifestent depuis le mois de février pour la création d'institutions de transition qui ne soient pas dirigées par des anciens membres du gouvernement d'Abdelaziz Bouteflika.
Crédit : RYAD KRAMDI / AFP
Algérie : les jeunes n'ont peur de rien avant la présidentielle de demain jeudi
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Algérie : les jeunes n'ont peur de rien avant la présidentielle de demain jeudi
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Raphaël Vantard - édité par Venantia Petillault
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Chaque mardi et chaque vendredi, depuis dix mois maintenant, des centaines de milliers d'Algériens descendent dans les rues. Au départ, ce mouvement baptisé "Hirak" voulait empêcher le président Bouteflika de se présenter pour un cinquième mandat. Cette revendication a d'ailleurs été obtenue car il a désormais quitté le pouvoir. Mais aujourd'hui, une grande partie des manifestants contestent toujours la tenue des élections présidentielles.

Les Algériens refusent cette élection car ils estiment que les cinq candidats sont des clones de Bouteflika, qu'ils incarnent tous le vieux système sous la coupe de l'armée et son chef d'État major, le général Gaid Salah, 79 ans. Pour eux, tous les candidats sont des ministres ou ex-ministre de Bouteflika et aucun ne remet en cause l'omniprésence de l'armée ou de l'appareil étatique. 

Pendant trois semaines de campagne électorale, les candidats n'ont presque pas réussi à faire de meeting, aucune affiche n'est restée collée plus de quelques minutes sur un panneau d'affichage et les candidats ont presque tous renoncés à toute sortie en public. 

  • Une rue d'Alger, lors d'une manifestation.
    Crédits : Raphael Vantard
  • Des panneaux d'affichage vides.
    Crédits : Raphael Vantard
  • Beaucoup d'algériens boycottent les élections depuis plusieurs mois.
    Crédits : Raphael Vantard
  • Des centaines de milliers d'Algériens descendent dans les rues chaque mardi et chaque vendredi.
    Crédits : Raphael Vantard

Mais il y aura tout de même des votants. Certains n'ont pas le choix comme les militaires, policiers, les fonctionnaires qui subissent des pressions s'ils ne glissent pas leur bulletin dans l'urne. 

Hantés par la décennie noire

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Mais ce ne seront pas les seuls à voter. Il y aura beaucoup d'anciens, de personnes âgées encore marquées par la décennie noire en Algérie, cette guerre civile des années 90 entre les groupes islamistes armés et le gouvernement. Au total, il y a eu près de 150.000 morts. Cette blessure hante encore la société algérienne. 

Et il y a aussi les milieux d'affaires, inquiets d'une telle instabilité comme Hafit, entrepreneur dans le textile qui sera demain l'un des premiers à voter : "Il y a une grande différence avec les autres élections (...) c'est la première fois qu'il y a des candidats crédibles et que le processus est transparent (...) Il faut que tout le monde vote", déclare-t-il.

Le vote dépendra aussi selon les régions. Par exemple, il sera plus suivi dans le sud et le centre de l'Algérie, et il y aura très peu de votants en revanche en Kabylie : région hostile traditionnellement au gouvernement et également à Alger, foyer de la contestation. 

Les jeunes n'ont peur de rien

Cette colère populaire a un nom : le "Hirak", qui signifie "mouvement" en arabe et c'est clairement le soulèvement de la jeunesse étudiante. Ces jeunes n'ont pas peur ni des intimidations, ni des arrestations. Ils bravent un interdit, celui de manifester. C'est une interdiction en vigueur depuis vingt ans dans le pays. 

Tous les manifestants partagent la même idée : "Ne plus accepter de se soumettre comme nos parents" comme Élisa, étudiante en mathématiques : "C'est vraiment un éveil politique. Nos parents sont déçus de ne pas s'être réveillés plus tôt donc ils sont vraiment là pour nous encourager. On aimerait que tout change : la politique mais aussi les mœurs", espère-t-elle. 

Dans les quartiers populaires d'Alger, Mehdi sans pouvoir d'achat, sans avenir et complètement désespéré, il représente à lui seul, l'échec du régime algérien : "Je suis coiffeur et je travaille juste pour manger. Je gagne moins de 150 € par mois. On peut à peine s'acheter des chaussures, on ne peut pas partir en vacances, on n'a pas de rêves. Même se marier on ne peut pas, nous n'avons aucun avenir."

Cette tristesse et cette mélancolie, avant de l'exprimer dans la rue, les jeunes algériens la crient au stade de football, catalyseur de la contestation. C'est d'ailleurs un chant de supporter de l'USM Alger "La casa del mouradia", qui reste l'hymne de la contestation. Le chant termine par ces mots : "Au premier mandat, ils nous ont eu. Au quatrième, la poupée est morte. Au cinquième, l'affaire se conclut". La jeunesse chante ainsi son espoir d'une nouvelle ère en Algérie. 

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