Bob Dylan : pourquoi s'est-il mis à dos son public, en 1965, à cause des Beatles ?

La grande aventure du rock'n'roll est ponctuée de dates célébrant des rencontres, des concerts, des coups de génie, des drames et des scandales. Comme ce 25 juillet 1965. A cette période, comme chaque année se déroule le festival de musique folk de Newport, petite ville de la côte est des États-Unis. C'est un festival pour les puristes. La musique folk suit des codes très simples mais intangibles. Guitare sèche, texte puissant, politique et poétique... Cette année-là, Bob Dylan est un dieu, adoré de tous. Sa poésie porte un message engagé et humaniste. Avec Dylan, les passionnés de folk sont rassurés. Ils auront exactement ce qu'ils veulent. Ils sont 50.000 à l'attendre...

Mais quand Bob Dylan arrive sur scène, c'est l'étonnement, la consternation même ! L'artiste monte avec à la main... Une guitare électrique ! Les fans sont pris de panique. C'est une règle d'or gravée dans les tables de la loi de la folk-musique. Jamais de guitare électrique. 

Ce sacrilège n'est pas un caprice de Dylan ou une simple provocation. C'est l'aboutissement d'une histoire, d'une époque, de luttes politiques et aussi de l'influence massive de quatre jeunes gars de Liverpool : les Beatles ! Car oui, Dylan a rencontré les Beatles un an plus tôt, en août 1964. Les Beatles entament leur première tournée mondiale par un voyage à travers les États-Unis et le 28, ils jouent à New York, là où habite Bob Dylan. Ils s'apprécient mutuellement, s'admirent, mais ne se sont jamais rencontrés. John Lennon est inspiré par les paroles de Dylan, et on sait que Dylan écoute le son des Beatles. Et c'est un journaliste, proche des deux parties, qui va initier la rencontre, dans le luxueux hôtel Delmico, au coin de la 59e et de Park Avenue. 

Une soirée enfumée et de nouvelles inspirations

La soirée fut, paraît-il, très enfumée. Les Beatles consommées beaucoup d'alcool et de stupéfiants, mais le cannabis, ils n'avaient jamais essayé. Dylan les initie ce soir-là à cette nouvelle substance, et, ensemble, ils passent la nuit à rigoler et échanger sur la musique et sur la vie plus généralement... Les Beatles sont fascinés par la puissance des textes de Dylan. Il leur donne aussi, avec le cannabis, les clés d'une musique psychédélique qui imprègnera désormais l'œuvre des Beatles. Dylan, lui, voit dans le son des Beatles tout ce que la guitare électrique peut apporter au folk classique. Plus de force, de rage, de modernité... Cette nuit-là, les Beatles et Dylan vont donc s'influencer mutuellement et leur musique ne sera plus jamais la même. 
En 1965, au festival de Newport, après une première soirée frustrante pour Dylan, l'artiste assume, et monte sur scène le deuxième jour avec cette guitare éléctrique. Avec ses musiciens, Dylan lâche alors les chevaux. Il enchaîne trois morceaux, dont Like a Rolling Stone, avec une énergie presque exagérée. Un ouragan de fer et de feu s'abat sur la foule totalement choquée. Le son est violent, saturé. Le public le hue, le siffle, crie à la trahison, au scandale. Mais Dylan en rajoute et montre encore plus le son de ses instruments. 

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Trois morceaux, un peu plus de vingt minutes, et c'est fait. Dylan a cassé son propre mythe. Il a ouvert une nouvelle voie à la musique dans laquelle tous vont s'engouffrer : les Beatles, mais aussi les Stones, Springsteen, ou encore les Pink Floyd. Ce soir-là, en 20 minutes d'électricité brute, Dylan a fait plus que scandaliser une poignée de puristes. Il a posé là, sous les yeux ébahis d'un public qui se croyait à l'abri, une pierre angulaire de notre histoire culturelle. Ce 25 juillet 1965, à Newport, il est devenu un mythe. Depuis, l'image de Dylan branchant sa guitare résonne bien au-delà du folk, bien au-delà du rock... 

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