Romain Gary et Émile Ajar : l'histoire d'une imposture familiale qui a berné le monde littéraire

"Le Grand récit RTL", c'est désormais votre rendez-vous de 20h à 21h sur RTL. Tous les soirs, André Dussollier vous invite à revivre des événements et des destins qui ont marqué notre mémoire collective. Ce 27 août, l'acteur s'intéresse à Romain Gary. Écrivain français de la seconde moitié du  siècle, il est notamment connu dans les années 1970 pour la mystification littéraire qui le conduit à signer plusieurs romans sous le nom d'emprunt "Émile Ajar", tout en masquant son identité réelle : il est ainsi le seul auteur à avoir reçu le prix Goncourt à deux reprises, grâce à un roman écrit sous pseudonyme.

En 1975, le prestigieux prix Goncourt est attribué à un certain Émile Ajar pour son roman La vie devant soi. Ce que le monde littéraire ignore alors, c'est que derrière ce pseudonyme se cache Romain Gary, déjà lauréat du même prix en 1956 pour Les racines du ciel. Hors, selon les règles du Goncourt, un auteur ne peut recevoir le prix qu'une fois. Pour ne pas éveiller de soupçons, Émile Ajar ne donne jamais d’interview. Mais, avec le succès de son roman, son identité commence à intriguer le public. Il faut alors un visage à ce nouvel écrivain, pour faire taire les soupçons. Romain Gary propose le rôle à son petit-cousin, Paul Pavlowitch. En reprenant ses répliques, ses gestes, son jeu de scène : le personnage est née ! 

Bien que novice dans le monde littéraire, Paul Pavlowitch, se glisse dans la peau de l'écrivain fictif avec une aisance déconcertante. Romain Gary, quant à lui, continue d'écrire sous son propre nom, tout en alimentant la carrière littéraire de son alter ego. Cette collaboration familiale permet à Gary de prouver qu'il peut encore surprendre le monde des lettres, malgré les critiques qui le boudent.

Un style d'écriture très proche

La véritable identité d’Ajar reste un mystère jusqu’à ce que la presse, mène une enquête approfondie. Les journalistes finissent par retrouver la trace de Paul Pavlowitch dans le Lot, où il vit avec sa famille. Ils découvrent alors que celui qui incarne Ajar lors de ses rares apparitions publiques n’est autre que le petit-cousin de Romain Gary. Dans un premier temps, il est admis sans trop de doutes qu’Émile Ajar n’est qu’un simple pseudonyme utilisé par Pavlowitch.

Cependant, les ressemblances de style entre les écrits de Gary et ceux publiés sous le nom d’Ajar deviennent dès lors impossibles à ignorer. Peu à peu, certains critiques pressentent qu’il s’agit d’une supercherie littéraire montée de toutes pièces par l’écrivain. Pourtant, malgré la multiplication des soupçons et la pression médiatique, Romain Gary persiste dans son mensonge et refuse jusqu’au bout d’avouer publiquement la vérité.

Ce n'est qu'après sa mort, en 1980, que la vérité éclate enfin. Dans son ouvrage posthume Vie et mort d'Émile Ajar, Gary avoue son imposture, révélant au monde entier que l'un des plus grands mystères littéraires du XXe siècle n'était qu'une audacieuse mystification. Cette confession posthume met fin à des années de spéculations et laisse une empreinte indélébile dans l'histoire de la littérature française.