Les visites des membres de la famille royale ne sont pas là que pour faire de belles photos dans les magazines people. Elles sont des outils géopolitiques très importants. Les enfants et petits-enfants d'Elizabeth II ont bien appris de leur grand-mère afin de protéger le dernier empire d'influence de la couronne : le Commonwealth.
Cette organisation intergouvernementale rassemble toujours 54 États membres, presque tous d'anciens territoires de l'Empire britannique. Mais un souffle d'indépendance se fait sentir. La contestation de ce qui s'apparente à une forme de néocolonialisme est de plus en plus forte. Pour contrer cela, la famille royale à une arme : le glamour.
Le prince William et de son épouse Kate sont en ce moment en visite officielle en Jamaïque, à l'occasion du jubilé de la reine Elizabeth II qui célèbre en 2022 ses 70 ans de règne. Mais le couple n'a pas été accueilli que par des applaudissements. Des manifestants se sont rassemblés devant la représentation britannique à Kingston pour protester contre la visite du couple. Les protestataires réclamaient que la monarchie paie des compensations et s'excuse pour son rôle dans le commerce d'esclaves qui a amené des centaines de milliers d'Africains sur l'île pour travailler dans des conditions inhumaines.
"Je suis là pour représenter mes ancêtres qui sont morts esclaves et ont été tués par l'oppression des Blancs", a affirmé Clement "Jawari" Deslandes, qui manifestait depuis la matinée, avant l'arrivée du couple princier. Il a expliqué avoir ressenti comme une insulte à ses ancêtres le fait qu'"un membre de la royauté vienne ici sans se soucier de rien, sans ressentir de remords. Ils ont ce privilège de la noblesse. Ils peuvent arriver ici et on doit leur dérouler le tapis rouge. Cette époque est révolue", a-t-il assuré.
"L'esclavage était abject et n'aurait jamais dû avoir lieu", a dit le prince William, reconnaissant la "douleur" de l'île, lors d'un dîner organisé par le gouverneur général de la Jamaïque, Patrick Linton Allen, représentant de la reine. Exprimant sa "profonde tristesse", il s'est dit d'accord avec son père qui avait reconnu en 2021 que "l'effroyable atrocité de l'esclavage tache à jamais notre histoire".
William n'a toutefois pas présenté les excuses réclamées à son arrivée par des manifestants. Le prince a par ailleurs exprimé son "éternelle reconnaissance" envers la génération Windrush, ces dizaines de milliers d'immigrés caribéens, principalement de Jamaïque, venus aider à la reconstruction du Royaume-Uni après la Deuxième Guerre mondiale. Le traitement réservé par le Royaume-Uni à ces immigrés arrivés légalement, mais ensuite privés de droits, voire renvoyés faute de documents nécessaires, a fait scandale.
La tournée de William et Kate aux Caraïbes a déjà connu un raté avec l'annulation la semaine dernière de la première étape dans un village du Belize, à cause d'un conflit entre la population locale et une organisation caritative dont William est le parrain. La visite du duc et de la duchesse de Cambridge, qui doivent se rendre ensuite aux Bahamas, intervient au moment où des voix s'élèvent en Jamaïque pour suivre l'exemple de la Barbade, devenue une république en 2021.
La Jamaïque, colonisée par les Espagnols après l'arrivée de Christophe Colomb, est passée en 1655 sous le joug de la couronne britannique qui a utilisé l'esclavage pour développer l'économie de l'île. Devenue indépendante en 1962, l'île reste une monarchie parlementaire dont la cheffe d'État est la reine Elizabeth II d'Angleterre. La transition de la Jamaïque vers un régime républicain est "inévitable", a estimé le Premier ministre Andrew Holness alors que le prince, deuxième dans l'ordre de succession au trône britannique, transmettait "la profonde affection" de sa grand-mère pour la Jamaïque.
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