Ah, par ces météos caniculaires, les vacances commencent à nous chatouiller, amis des mots, non ? J’ai eu la chance de prendre un petit acompte la semaine passée, et je suis allée passer quelques jours entre amis en Haute-Savoie (coucou, Véro et Pierre, Christophe, Valérie, Manu, Claire, Damien et JC !). Et figurez-vous que j’y ai appris un mot.
On était partis pour une petite balade en montagne quand quelqu’un a dit : “Eh, les gars, j’ai oublié de mettre mes baskets !” Cette personne était partie du chalet en tongs.
Bon, oui, cette personne, c’était moi. Mais surtout, cette personne, enfin moi, s’est entendu traiter de “monchû”. J’ai tout de suite compris que ce n’était pas un compliment mais encore ?
Eh bien figurez-vous que j’ai trouvé la réponse dans le Larousse 2023, où le mot vient de faire son entrée, avec la définition suivante : “Monchû : mot du dialecte savoyard, signifiant ‘monsieur’. Familier, péjoratif ou par plaisanterie [on va choisir d’interpréter ça comme une plaisanterie]. Vacancier en quête d’air pur (Parisien, particulièrement), qui séjourne dans les Alpes et dont on raille souvent la maladresse, l’accoutrement, voire la méconnaissance des usages locaux.” Le plus joli, c’est l’exemple, on dirait qu’il a été écrit pour moi : “Encore un monchû qui part randonner en sandalettes.” (Je vous mets la photo du groupe de rando sur RTL.fr, vous verrez que je n’invente rien.)
Pas de jaloux : à côté du monchû, le Larousse 2023 a également entériné le pinzutu, le mot corse pour désigner les touristes. Et puis, côté Charente, il y a le baignassoute (“de baignasser, se baigner dans une eau peu profonde, faire trempette”, définition du “touriste (…) qui vient dépenser son argent sur la côte atlantique”.
Mais tenez, savez-vous d’où vient le mot touriste lui-même ? Il est arrivé chez nous au tout début du XIXe siècle, copié de l’anglais tourist (sans E final), car ce sont les Britanniques qui ont inventé le voyage d’agrément, figurez-vous – avant, on voyageait utilitaire, le plus souvent pour le commerce ou la guerre. Bon, comme c’est fréquent, ce mot-là avait été formé sur un mot français : tour, le touriste étant celui qui effectue… un tour, un voyage circulaire : il part et il revient !
Au début, le mot touriste ne désigne que les voyageurs britanniques, puis les Français qui se rendent en Grande-Bretagne, et ensuite, avec la généralisation du concept de tourisme, il s’impose partout. Naturellement, c’est le touriste qui a donné la turista, un emprunt à l’espagnol, cette fois, pour décrire, “avec ou sans ironie”, précise doctement le Dictionnaire historique de la langue française, “la diarrhée infectieuse que peuvent contracter les étrangers séjournant dans des régions de climat différent” de celui auquel ils sont habitués.
Personnellement, cet été, je ne serai ni pinzutu, ni baignassoute, ni monchû, et je suis à peu près sûre d’échapper à la turista : je vais faire un tour en Bretagne et en Normandie. Amis des mots bretons et normands : dites-nous comment vous désignez les touristes. On a besoin de vous pour élargir notre vocabulaire ! Avec un peu de chance, l’an prochain, c’est votre mot qui entrera dans le dictionnaire…
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