Pourquoi Louise Michel était surnommée "un monstre à visage humain" ?

Le 9 janvier 1905 s’éteignait à Marseille l’une des premières grandes féministes françaises : Louise Michel. Quelques jours plus tard, c’est une foule immense qui accompagne le cercueil de celle que l’on surnomme "la vierge rouge" au cimetière de Levallois-Perret. C’est une véritable procession, avec plein de drapeaux noirs et rouges. Il n'y a pas moins de 80.000 personnes selon les organisateurs, 8.000 selon la police. 

S’il y a du monde aux obsèques, d’autres en revanche ne versent pas de larmes à la mort de la militante, accusée par certains d’être "un monstre à visage humain" en raison de ses idées anarchistes. Très tôt, elle était déjà rebelle. Jeune institutrice, elle a refusé de prêter serment à l’empereur Napoléon III et faisait chanter la Marseillaise en classe. Pour son style aussi, Louise Michel n’est pas comme les autres femmes de l'époque. Elle est souvent habillée en homme et porte les cheveux courts, ce qui lui valait d’être traitée de lesbienne.

Elle est âgée de 41 ans lorsqu'arrive son heure de gloire, au moment où Paris est assiégée par les Prussiens, vainqueurs de la bataille de Sedan contre Napoléon III. Louise Michel va alors se démener jour et nuit pour empêcher l’ennemi d’envahir la capitale. Elle ouvre même une cantine pour les pauvres, préside un comité de femmes et surtout, elle prend les armes sur les barricades. 

Le combat acharné de la "vierge rouge"

Une fois la menace prussienne écartée, Louise Michel et ses amis ne veulent pas déposer les armes et ne se soumettent pas à l’autorité du gouvernement du Premier ministre, Adolphe Thiers. C’est l’insurrection ! Pendant 2 mois, la capitale résiste. Elle est aux mains des révolutionnaires et Louise Michel est aux anges. Ses idées ont pris le pouvoir et elle est très investie. Mais le retour de bâton va être violent... Les militaires du gouvernement, ceux que l’on appelle les Versaillais, finissent par entrer dans Paris.

Louise Michel se bat sans relâche aux côtés des communards, et lors de la "semaine sanglante", la capitale sombre dans le chaos avec des violents combats, des incendies et des assassinats. La Commune est finalement anéantie avec un lourd bilan de plus de 15.000 morts. Louise Michel a la vie sauve. Elle comparait en conseil de guerre. Face à ses juges, elle ne se démonte pas et réclame la peine capitale mais elle échappe finalement à la mort.

Elle est alors déportée dans un bagne à l’autre bout du monde, en Nouvelle-Calédonie. Elle va y rester 7 ans. Là-bas, elle rencontre la population locale, les kanaks et les soutient lorsqu’il se révoltent contre les colonisateurs. Lorsqu'elle revient à Paris, les autorités la surveillent de près et Louise Michel passe souvent par la case prison pour ses activités anarchistes. Pour certains, elle est devenue une icône, une véritable rock star. 

Ses Mémoires s’arrachent en librairie, elle a son effigie au musée Grévin et ses conférences font salle comble. C’est d’ailleurs au cours de l’une d’elle qu’un jeune catholique tente de l’assassiner. Louise Michel s’en sort avec une oreille perforée et une balle coincée dans le crâne...