Pourquoi le Français le plus connu au Brésil est un inconnu en France ?

Un Français est extrêmement connu au Brésil, plus que Zidane, qui a fait du mal au Brésil en 1998, plus qu’Auguste Comte à qui le Brésil a emprunté sa devise "Ordre et progrès". La preuve, il y a des timbres à son effigie et des rues, des monuments portent son nom. Il s'agit d'Hippolyte Léon Denizard Rivail.

C'est un Lyonnais né en 1804, un pédagogue qui enseigne la physique, l’astronomie, la chimie : un type rationnel. Pourtant, c’est l’irrationnel qui va créer sa notoriété. Tout commence en 1848, quand l’histoire des sœurs Fox lui arrive aux oreilles. Ces trois Américaines seraient parvenues à communiquer avec l’au-delà en faisant tourner les tables. 

Certains y croient et des médiums apparaissent y compris en France. Rivail est invité à une séance. Cartésien, il n’y croit pas, mais curieux, il s’y rend quand même. Il est témoin de manifestations surnaturelles qui ébranlent ses convictions. Dès lors, il met en place une démarche scientifique pour rationaliser les contacts qu’il a avec les esprits via différents médiums. 

L'un d’eux, lors d’une séance, lui révèle que dans une vie antérieure, il était un druide celte du nom d’Allan Kardec. C’est sous ce pseudonyme qu’il crée le spiritisme, basé sur la réincarnation et l’idée qu’une fois mort, on peut continuer à communiquer avec les vivants. 

4 millions de Brésiliens adeptes

Son Livre des Esprits, la Bible du spiritisme, a un écho considérable. Théophile Gautier, Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes, se mettent au spiritisme. Victor Hugo aussi, qui réussit à entrer en contact avec sa fille Léopoldine, morte noyée. Le spiritisme se répand comme une trainée de poudre. Et surtout au Brésil, pays profondément croyant, aussi bien en Dieu qu’en la magie surnaturelle.  

Des centres spirites fleurissent là-bas, il y en a 14.000 aujourd’hui et 4 millions de Brésiliens se disent adeptes d’Allan Kardec. Un de ses disciples, le médium Chico Xavier, a vendu 50 millions de livres. Le spiritisme est partout au Brésil. Même dans les tribunaux. Il y a une jurisprudence au Brésil qui permet à l’esprit d’un mort de venir témoigner en faveur d’un vivant accusé. 

Il y a même un joueur de foot de 1ère division brésilienne dont le nom est Alan Kardec. Le plus fort dans tout ça, c'est que le vrai Allan Kardec n’a jamais mis les pieds au Brésil. Il est mort en 1869 et est enterré au Père Lachaise, où sa tombe est encore la plus fleurie du cimetière parisien avec celle de Jim Morrison, le chanteur des Doors, et celle d’Edith Piaf.