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"Babar" : pourquoi un gros chagrin est-il à l'origine de la naissance de l'éléphant ?
L'un des pères de Babar, Laurent de Brunhoff, est décédé à l'âge de 98 ans. RTL revient sur les origines de la création de l'éléphant préféré des enfants du monde entier.
Babar a perdu l'un de ses pères. Vendredi 22 mars, Laurent de Brunhoff est mort à l'âge de 98 ans. Le dessinateur était le fils de Jean Brunhoff, créateur des aventures de Babar en 1931. La naissance de l'éléphant adoré des enfants remonte donc à près d'un siècle et à un gros chagrin.
Tout commence un soir de 1930 à Chessy-sur-Marne, où vit désormais Mickey puisque c’est là qu’est situé Disneyland Paris. Mathieu de Brunhoff a 4 ans, il est malade, il pleure. Alors, sa maman, Cécile, décide d’improviser une histoire pour lui et son frère, Laurent, afin de le calmer. Sauf que c’est la première fois de sa vie qu’elle en raconte une. Hésitante, elle se met à inventer les aventures d’un jeune éléphant, la peluche préférée de Mathieu, qui lui a été offerte trois ans plus tôt à Noël. C'est un éléphant gris à roulettes sur lequel il adore monter et que son frère traîne par la trompe.
Ensuite, Cécile, pour inventer son récit, se rappelle d’une lettre qu’elle a reçue quelque temps plus tôt, envoyée par sa nièce, Gisèle, qui est installée au Kenya. Elle y raconte que ses enfants se sont entichés d’un éléphanteau recueilli après avoir été blessé par des chasseurs d’ivoire. La maman conteuse s’en inspire et commence à broder l’histoire d’un jeune éléphant qui s’enfuit de la forêt pour échapper aux braconniers, tueurs de sa mère. Il arrive en ville et rencontre une vieille dame, puis il se met à s’habiller comme les hommes et apprend à marcher sur deux pattes, à lire, à écrire avant de retourner dans la jungle où, fort de cette éducation, il est couronné roi des éléphants. Les enfants sont aux anges. Le gros chagrin est fini et tout le monde s’endort, le sourire aux lèvres.
13 millions d’exemplaires vendus
Le lendemain, Mathieu et Laurent, enthousiasmés par l’histoire, s’empressent de la raconter à leur papa. Jean, illustrateur, décide de la dessiner pour leur faire plaisir. L’éléphant n’ayant pas de nom dans le conte de Cécile, c’est lui qui le baptise Babar. Personne, y compris sa famille, n’a jamais su d’où lui était venu ce nom. En revanche, on connaît l'origine de la célèbre veste verte de Babar. C’est celle que portait Michel, le frère de Jean de Brunhoff, qui était alors très chic et rédacteur en chef du magazine Vogue. Le dessinateur donne également les traits de son épouse, Cécile, à la vieille dame qui éduque Babar.
Jean de Brunhoff voulait d'ailleurs mettre le nom de sa femme à côté du sien sur la couverture des premières aventures de Babar mais celle-ci a refusé, par modestie. Comme elle a refusé à la mort brutale de son époux en 1937, que Babar lui survive, malgré son énorme succès. Et puis la guerre est arrivée. Pour survivre et nourrir sa famille, Laurent de Brunhoff a désobéi à sa mère et repris le flambeau faisant de l’éléphant de ses parents, une star internationale. Les aventures de Babar se sont vendues à 13 millions d’exemplaires dans le monde et ont été traduites en 27 langues, notamment au Japon où 15 boutiques existent. Des chiffres qui ne trompent pas sur son succès plus de 90 ans après sa naissance.
