Nous parlions la semaine passée de l’origine de l’expression “fier comme un pou”, et on a vu que ce pou était à l’origine… un poulet ! Il y a comme ça quantité d’expressions que nous utilisons tous les jours sans plus comprendre à quoi elles font référence, souvent parce qu’elles sont très anciennes et que les coutumes qu’elles évoquent ont disparu. J’en ai trouvé tout plein dans un livre délicieux publié par Larousse, Au bonheur des expressions françaises. C’est de Catherine Mory.
Quand on dit "j’en mettrais ma main au feu", par exemple, cela fait référence à ce que, au Moyen Âge, on appelait le "jugement de Dieu". Le suspect d’un méfait était "prié d’avancer sa main dans les flammes ou de saisir une barre de fer rougie". Si la main ressortait intacte, on en déduisait que Dieu le déclarait innocent. Inutile de dire que ça n’arrivait pas souvent.
Et tenez, quand on dit "C’est déshabiller Pierre pour habiller Paul", il s’agit là encore d’une expression médiévale. Pierre et Paul, ce sont saint Pierre et saint Paul. La tradition voulait qu’on habille leurs statues dans les églises, les jours de fête notamment. Mais les paroisses les plus pauvres n’avaient souvent qu’une seule "tenue d’apparat. C’est ainsi que saint Pierre se voyait périodiquement dévêtu au profit de saint Paul, et vice versa ", raconte Catherine Mory.
Ah, et vous connaissez cette expression rigolote, "payer en monnaie de singe" ? Ça veut dire tromper, escroquer… Figurez-vous qu’au XIIIe siècle, il fallait payer pour entrer dans la capitale, mais les montreurs d’animaux, notamment, pouvaient payer "en nature. Ils faisaient exécuter à leur macaque quelque prouesse afin d’amuser les gardes, puis franchissaient le Petit-Pont en toute légalité." Bref, ils payaient en monnaie de singe !
Et pour finir, puisqu’on est dans les bestioles, je vous propose qu’on reprenne du poil de la bête ! Eh oui, encore une expression médiévale. Reprendre du poil de la bête, c’est se rétablir, reprendre un peu d’énergie. Mais quelle est cette bête ? Eh bien, "on croyait autrefois, explique l’auteure du livre, que pour soigner une morsure il fallait appliquer sur la plaie un poil de l’animal qui avait attaqué !" (N’essayez pas ça chez vous, il vaut nettement mieux appeler le 15 !).
Enfin, je ne voulais pas conclure cette chronique sans parler du premier livre de deux sœurs imprimeuses qui sévissent sous le pseudo de l’Indéprimeuse. C’est à La Martinière et ça s’appelle T’as pas l’impression de prendre toute la couverture ? Ce livre est un délice pour amis des mots et du graphisme, de la belle ouvrage imprimée et de l’humour potache à la fois féministe, malin… et coquin. Jetez-y un coup d’œil, vous ne le regretterez pas !
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