Peste noire : serpent, licorne, émeraude... quels étaient les remèdes les plus étranges pour soigner la maladie ?

La peste noire est l'une des pandémies les plus dévastatrices de toute l'histoire humaine. En seulement quelques années, elle a décimé près de la moitié de la population européenne. Et pour tenter de contrer la propagation de la maladie, toutes les techniques étaient bonnes... Ou presque !

L'épidémie de peste fait son entrée en Europe en 1347, lorsque des marchands génois, fuyant le siège de Caffa, en Crimée, accostent dans plusieurs ports méditerranéens. La bactérie "Yersinia pestis", véhiculée par les puces des rats, se répand rapidement, touchant d'abord l'Empire byzantin, puis la Sicile, l'Italie et le sud de la France. En mordant les humains, les puces transmettent l'infection. Sa progression devient alors fulgurante et dévastatrice, submergeant rapidement les villes et les campagnes. 

Les symptômes de la peste sont terrifiants : fièvre, douleurs intenses, ganglions lymphatiques enflés et noirs... Et l'infection ne se contente pas de décimer les populations : elle plonge l'Europe entière dans un tourbillon de superstitions et de croyances. Les praticiens se lancent alors dans des tentatives de guérison étranges et désespérées, mêlant saignées, incantations et potions douteuses...

Serpent, licorne, émeraude... des remèdes insolites

La quête de guérison dépasse vite les frontières du rationnel. Le serpent, à la fois craint et vénéré, s’immisce dans les pratiques médicales. Les médecins conseillaient de frotter des morceaux de serpent mort sur les abcès des patients. Cette méthode reposait sur l'idée que le serpent, perçu comme une incarnation de Satan, pouvait aspirer le mal hors du corps. 

Parmi les remèdes les plus surprenants, on trouvait aussi la poudre de licorne, mélangée à du vinaigre. Une solution miracle pensait-on. La licorne, symbole de pureté et de guérison, était censée posséder des propriétés magiques capables de neutraliser la maladie. Et le mythe entourant ces créatures légendaires persistait... 

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Dans ce climat chaotique, une technique particulièrement étonnante émerge également : la méthode Vicari, du nom du médecin anglais Thomas Vicari. Elle consistait à déplumer un poulet vivant, puis à l'appliquer sur les bubons des patients. Lorsque le poulet présentait des symptômes, on croyait qu'il avait hérité de la maladie de son propriétaire. On le retirait alors de la personne malade, puis on le lavait avant de continuer ce rituel jusqu'à ce que le poulet ou la personne malade meure.

De l'émeraude broyée et des prières religieuses

Mais ce n'est pas tout. Les praticiens allaient encore plus loin en recommandant d'avaler des émeraudes broyées. Considérées comme des symboles de richesse et de pouvoir, les émeraudes étaient censées posséder des propriétés curatives. Les médecins préparaient également des cataplasmes à base de résine de pin, de crapauds, de miel, et même d'asticots. Pour les plus démunis, de petites doses d'arsenic ou de mercure étaient suggérées. Ces pratiques, à la fois inefficaces et dangereuses, pouvaient provoquer de graves empoisonnements. 

Les remèdes religieux étaient aussi largement répandus, avec l'espoir que prières et rituels puissent repousser la maladie. Dans ce contexte de désespoir et de souffrance, la peste était vue comme un châtiment divin. Convaincus que Dieu, en colère face aux péchés de l'humanité, avait envoyé cette terrible épidémie pour les punir, les croyants multipliaient les messes et les actes de pénitence. Parmi eux, les flagellants se distinguaient : ces groupes se fouettaient publiquement jusqu'au sang, espérant ainsi calmer la colère divine et obtenir le pardon.

La peste noire a révélé la fragilité des connaissances médicales de l'époque. Face à une menace incompréhensible, les populations médiévales ont cherché refuge dans des explications et des pratiques dénuées de fondement scientifique, leur offrant un semblant de réconfort. La fin de l'épidémie est intervenue progressivement dans les années 1350, grâce à l'amélioration des conditions sanitaires. Cependant, la peste n'a jamais totalement disparu et a continué à réapparaître de manière périodique jusqu'au XVIIIe siècle. Au total, entre 25 et 30 millions de personnes en Europe, sont mortes, laissant une empreinte indélébile sur les sociétés médiévales. 

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