Aujourd’hui, amis des mots, nous parlons d’un S en trop… En orthographe française, il s’agit souvent de S en trop ou en moins, vous avez remarqué ? Pour un francophone, le S est avant tout la marque du pluriel, c’est une des bases de notre grammaire, enseignée dès les petites classes de l’école élémentaire. Ce n’est pas le seul pluriel (il y a ceux en X notamment), mais c’est le plus fréquent : une voiture, deux voitures… Ah tiens, vous avez entendu ? Ce S qui s’ajoute à la fin de voiture quand il y en a plus d’une… ne s’entend pas, justement. Il fait partie de ces lettres que l’on qualifie bizarrement de "muettes", alors que c’est nous qui les taisons !
En fait, le S est la marque du pluriel dans beaucoup d’autres langues, comme par exemple l’anglais, l’espagnol ou l’italien, mais dans ces langues, la plupart du temps, il se prononce, car elles ont beaucoup moins de lettres muettes que la nôtre. D’ailleurs en français ces lettres se prononçaient au départ, jusqu’au XIVe siècle à peu près… malheureusement on n’avait pas encore inventé la dictée, qui n’a d’intérêt que quand certaines lettres sont muettes. Ben oui ! Si le jeu est trop facile, à quoi bon jouer ?
Mais au fait, pourquoi avoir choisi le S… et pas le M ou le T, par exemple, pour indiquer le pluriel ? Ça ne relève pas d’un choix, bien sûr, mais d’un usage, comme souvent, qui s’est installé sans que nul ne le décide, un usage inspiré du latin dont notre langue actuelle est issue à 80%. En latin, les pluriels étaient également en S… et même semble-t-il en indo-européen, cette langue encore antérieure au latin, une langue commune, dont, explique l’encyclopédie Larousse, "sont issues les langues dites ‘indo-européennes’, qui recouvrent aujourd'hui la quasi-totalité de l'Europe et de l'Amérique et une partie importante de l'Asie : la moitié de l'humanité parle une langue issue de l'indo-européen".
Bref, ce S remonte à loin. Et justement, je veux vous parler d’un S en trop, à l’adverbe plein. C’est une erreur que je vois très souvent, notamment sur les réseaux sociaux… mais aussi dans les courriels que je reçois. Plein avec un S, ça existe, bien sûr. C’est même pour ça qu’on se trompe. Ça existe quand plein est un nom : les pleins d’essence, par exemple, ou les pleins et les déliés de la belle écriture à la plume de nos grands-mères prennent un S. De même quand plein est un adjectif : les sacs de courses sont pleins.
Mais quand plein veut dire "beaucoup", comme beaucoup, il devient un adverbe. Donc, même si plein désigne alors une réalité "nombreuse" (J’ai mangé plein de bonbecs, Valérie a plein d’amis, Stéphane a plein de cheveux, cherchez l’erreur), plein est alors un adverbe, et les adverbes, les amis du Bonbon sur la langue commencent à le savoir… sont invariables ! Mon truc pour vous en souvenir ? Quand plein peut être remplacé par beaucoup, c’est comme beaucoup : sans S !
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