Orthographe : faut-il écrire "l'Église" ou "l'église" ?

Chez notre belle langue française, un détail peut parfois tout changer : la majuscule. La majuscule – du latin majusculus, qui signifie “un peu plus grand”, tout simplement – peut jouer des tours surprenants. 

Celle du mot “Mémoires”, par exemple. Certes, il est tout à fait possible d'écrire mémoire sans majuscule. Mais ce terme est particulier. Si vous ouvrez votre dictionnaire, vous verrez qu’il y a trois entrées différentes pour ce qui se prononce “mémoire”. Mémoire nom féminin, mémoire nom masculin, et Mémoires avec un S, nom masculin pluriel, les Mémoires, et pourvu d’une majuscule. 

Qu’il s’agisse des Mémoires d’outre-tombe, des Mémoires d’un âne ou de vos propres Mémoires que vous écrivez sur la table de la cuisine, ce sont des Mémoires au masculin pluriel… avec une majuscule.

Le mot mémoire, qui vient du latin memoria, désignant l’“aptitude à se souvenir”, entre dans notre langue dès le XIe siècle. À l’origine, le mot est féminin : LA mémoire. Puis, allez savoir pourquoi, à la fin du XIIe siècle, arrive LE mémoire, cette fois avec le sens de “récit écrit”.

Un sens qu’il a encore aujourd’hui : si j’ai une bonne mémoire, c’est que j’ai une bonne capacité à retenir un certain nombre de choses ; UN bon mémoire, en revanche, c’est un exposé, souvent rédigé en vue d’un examen, un mémoire de mastère, un mémoire de stage, bref un écrit un peu officiel ou académique.

Et puis il y a LES Mémoires au masculin pluriel avec une majuscule. Ces Mémoires-là, leur définition exacte dans le Larousse est : “Relation écrite des événements marquants d’une période par quelqu’un qui en a été le témoin ou l’un des acteurs.”

Le saint et la Saint

D’autres mots changent ainsi de sens selon qu’ils commencent ou non par une majuscule. Avec une minuscule, l’église, est le bâtiment au milieu du village. Avec une majuscule, c’est une institution (le pape François est le chef de l’Église catholique avec une majuscule, pas le chef d’un bâtiment).

Il en va de même pour le mot saint, qui change de genre et de sens selon qu’il commence ou non par une majuscule. Ce samedi 9 novembre, c’est LA Saint-Théodore, qui s’écrit avec deux majuscules, à Saint et à Théodore (avec un trait d’union entre les deux). Tandis que LE saint Théodore, ce n’est pas un jour du calendrier, c’est un homme. 

Et si l'on parle de la Renaissance, on l'écrit avec une majuscule , puisqu’il s’agit d’une période historique. La renaissance sans majuscule existe également, bien sûr ; mais c’est juste le fait de renaître.

Idem pour l’Antiquité : avec une majuscule, c’est la période qui va jusqu’à la chute de l’Empire romain ; sans majuscule, c’est… un vieux buffet ! 

Rappelons aussi la différence entre français sans majuscule et Français. “Stéphane est un Français”, c’est avec une majuscule, car Français est un nom de nationalité. Mais si l'on dit “Stéphane est français”, là français devient adjectif, et il perd sa majuscule. Et bien sûr si l'on “parle le français”, la langue, c’est aussi sans majuscule.

Si vous avez envie de parler du français et de ses majuscules, amis des mots, notre spécialiste vous attend les 9 et 10 novembre à la Foire du livre de Brive, en Corrèze.

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