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Mario Vargas LLosa obtient le Prix Nobel de Littérature le 7 octobre.
Ce n’est pas un monument qui vient de disparaître, c’est une montagne. Un géant comme un siècle en produit très peu. Et croyez, moi, quand on a eu la chance d’avoir pu le rencontrer, on ne l’oublie pas.
Alors, il y a son oeuvre, himalayenne : il faudrait quelque chose au-dessus du Nobel pour distinguer cet écrivain-là. Des romans, plus grands que l’Histoire, des personnages plus charnels que la vie, pimentés par un érotisme qui ne l’a pas lâché.
Et puis il y a la boulimie vitale de l’homme, puits de culture, ancien candidat à la présidence du Pérou en 1990. Combattant, surtout, de la liberté. En cela, Mario Vargas Llosa vient de disparaître, mais c’est précisément l’écrivain qu’il faut lire en ce moment, parce que les dictatures se portent bien.
Vargas Llosa était l’écrivain des dictatures. Celle du général Odria, qu’il décrit dans son premier grand chef-d'œuvre, Conversation à la cathédrale, en 1969. Celle de Raphael Trujillo en République dominicaine dans La Fête au bouc. Parlons aussi de son dernier roman, Temps sauvages, dans un Guatemala ultraviolent, sur fond de putsch du colonel Carlos Castillo Armas, dit " Face de hache ".
La dictature, c’est son sujet intime. Citons une phrase de La Fête au Bouc, qui décrit l'assassinat du dictateur Trujillo. "Le corps ensanglanté, en costume vert olive, le visage éclaté, gisait sur le sol dans une mare de sang. La Bête, morte. "
Sauf que la "bête" n’est pas morte. Elle se réincarne dans l’actualité, on le voit tous les jours, avec Vladimir Poutine et ses émules.
Mario Vargas Llosa était un écrivain de la liberté, mais est devenu aussi un intellectuel du libéralisme. Il raconte cet itinéraire dans un essai lumineux, L’Appel de la tribu : comment celui qui fut un temps tenté par Fidel Castro fut séduit par Adam Smith, Raymond Aron, ou Jean-François Revel. En somme, le roman d’un libéral.
Ces dernières années, Vargas Llosa se disait pro européen, soutien de l’Ukraine, et des libertés individuelles contre les empiètements des États.
L'écrivain laisse comme héritage son œuvre, bien sûr, et son exemple. À quoi sert-il d'écrire ? Lui avait-on demandé au Point en 2017. Il avait répondu : "À rappeler qu'aucun pays, aucun peuple n'est à l'abri d'une dictature".
On pense évidemment à Boualem Sansal, écrivain emprisonné en Algérie parce que trop libre. Vargas Llosa n’est plus là, mais l’ombre de ce géant de la littérature et de la liberté ne va pas disparaître de sitôt.
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