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Mobutu : qui était vraiment le dictateur congolais mégalomane qui a fait sombrer son pays ?

PODCAST - À la tête de son pays pendant 32 ans, le "Léopard du Zaïre" a imposé une politique tyrannique en vidant les caisses de l'État pour soutenir son rythme de vie fastueux.

Le général Mobutu

Crédit : AFP

Mobutu : le dictateur congolais mégalomane qui a fait sombrer son pays

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Thomas Bernardon & Vincent Parizot

Evariste Kimba, Emmanuel Bamba, Alexandre Mahamba et Jérôme Anany. Les Martyrs de la Pentecôte. Quatre noms inscrits en lettres de sang dans l'histoire de la République démocratique du Congo. Quatre ennemis du pouvoir pendus sur place publique. Le 2 juin 1966, à Léopoldville, ces hommes politiques de premier plan ont payé le prix fort. Charles de Gaulle, le roi de Belgique et le président américain Lyndon Johnson ont essayé de les extraire des griffes du "Grand Léopard" du Zaïre. En vain. Ainsi commence le règne de Joseph-Désiré Mobutu, l'un des dictateurs africains les plus redoutés de l'époque.

Joseph-Désiré Mobutu naît en 1930 dans un village au nord du Congo belge. Il n'a que 8 ans quand son père décède. Le petit garçon est élevé par ses oncles. Au cours de ses études, il intègre les rangs de l'armée. En ressort sergent puis effectue une formation de secrétaire comptable. Mobutu rejoint ensuite L'Avenir, un quotidien belge dont une partie des bureaux est localisée à Léopoldville. Il écrit des articles sur l'actualité africaine, notamment les manifestations anticoloniales, et fait la rencontre Patrice Lumumba. Ce militant nationaliste va le projeter dans la vie politique. 

Nous sommes en 1960. Mobutu est nommé secrétaire d'État en charge des questions politiques et administratives au sein du gouvernement dirigé par Patrice Lumumba. Au milieu du désordre, il s'affirme comme l'homme de la situation. Le voilà chef d'état-major avec pour mission de ramener le calme au pays. Une responsabilité qui lui donne des envies parricides. Le 14 septembre 1960, deux mois après la proclamation de l'indépendance, Mobutu mène son premier coup d'État. Il capture Lumumba, l'exile dans la province du Katanga et le fait éliminer. Sa dépouille sera dissoute dans l'acide.

Les coups de griffe du "Grand Léopard"

Le 25 novembre 1965, Mobutu annonce à la radio que le chef d'État ainsi que le premier ministre sont renversés et qu’il devient président de la République.  Il met rapidement en place une politique tyrannique. Un parti unique est créé, le mouvement populaire de la Révolution, auquel tous les congolais doivent adhérer. Sous prétexte de complots ourdis contre lui, Mobutu lance une vague d’élimination de ses opposants. Un ancien compagnon de Lumumba qui a pris la tête de l’opposition est assassiné. Un ex-premier ministre est enlevé par la CIA et décèdera dans une prison algérienne.

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Parallèlement, le dictateur lance une grande opération "Zaïrianisation" qui touche la monnaie, le fleuve et le nom du pays. Les entreprises sont nationalisées et gérées par des proches de Mobutu qui ne sont pas plus économistes qu'il est démocrate. À chaque grand chef, son petit surnom. Le sien n'est autre que "le guerrier tout puissant qui embrase tout sur son passage et de victoire en victoire reste invincible". Outre cette démonstration d'égo, Mobutu ne s'érige pas en héros national. Il donne ce rôle au défunt Patrice Lumumba. Le comble du cynisme. 

L'homme d'État porte la toque en peau léopard et incarne un nationalisme fort. Il ne rejette pas l'Occident pour autant. Proche de Giscard d'Estaing et Jacques Chirac, il l'est encore plus des présidents américains à l'image de Nixon et Bush. Une amitié dont on peut s'interroger sur la nature puisqu'il va régulièrement leur quémander de l'argent pour payer les officiers de son armée. Ces liquidités entretiennent le rythme de vie du nabab africain.

Dans les années 1980, la fortune de Mobutu est estimée à 4 milliards de dollars. Cet or ne ruissellera jamais dans le pays. Les caisses du Zaïre sont à sec. Le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale et les États-Unis lâchent Mobutu. Il s'enfuit à Rabat pour ne pas payer la note et y mourra en 1997.

>> Les Salauds de l'Histoire. À travers un récit long format, Vincent Parizot retrace, toutes les semaines, la vie et les crimes d'un salaud de l'Histoire. Une collection spéciale de notre émission phare Entrez dans l'Histoire.

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