"Le vent en poupe", "être dans le coaltar"... Que signifient ces expressions venues de la mer ?

La belle saison fait flotter des idées de plage et de vacances et m’a donné envie, amis des mots, de vous parler d’expressions françaises qui sont nées de la mer. Il suffit d’y réfléchir deux secondes, et on en trouve à la pelle !

Par exemple, pour dire qu’on est affecté de la même manière que quelqu’un d’autre par un événement, souvent un peu négatif, on dit qu’on est “dans le même bateau” (J’ai la grippe, toi aussi, on est dans le même bateau mon pauvre vieux !). Plus positif, de quelqu’un qui s’est bien débrouillé, notamment sur le plan professionnel, on dit qu’il a "bien mené sa barque", ou même qu’il a "le vent en poupe"… la poupe étant l’arrière du navire : le vent en poupe, c’est un vent qui vous pousse dans le bon sens.

De l’autre côté du navire, à l’avant, il y a la proue, et quand on est en tête d’un mouvement, on en est la "figure de proue" : "Jean-Sébastien, par exemple, est la figure de proue de la gastronomie sur RTL.” Autre domaine, tout récent celui-ci : quand on se balade sur Internet, on dit qu’on navigue, ou qu’on surfe… encore deux verbes qui sont nés dans l’océan !

Le coaltar est un goudron

En surfant, justement, je suis tombée sur Bateaux.com, un site qui, comme son nom l’indique, s’adresse aux amateurs de culture nautique. J’y ai découvert des expressions dont l’origine maritime est beaucoup moins facile à deviner. Par exemple, à cette heure-ci, je ne serais pas surprise que certains des auditeurs de RTL Matin Week-End soient un peu "dans le coaltar".

Eh oui, c’est une expression marine ! Le coaltar est un goudron visqueux qui sert à assurer l’étanchéité de la coque des bateaux en bois. Celui qui est dans le coaltar a du mal à se sortir du sommeil, il y est englué comme dans du goudron. Autre expression dont l’origine marine n’est pas évidente : "Veiller au grain", qui signifie "être sur ses gardes pour éviter un danger".

"Au taquet"

On pourrait croire que ça vient du poulailler, ou du silo à grains, mais non. Un grain, c’est aussi un "coup de vent brusque et violent" (Larousse.fr). L’expression remonte au XIXe siècle. Avant l’invention de toute l’électronique qui donne aujourd’hui la météo sur les navires mêmes, il fallait bien qu’un membre de l’équipage "veille au grain", c’est-à-dire surveille les changements de temps. Et d’ailleurs, ce marin-là avait plutôt intérêt à "être au taquet", encore une expression qui a trait à la navigation…

Le taquet est une pièce métallique qui sert à bloquer la tension des cordages, c’est pour cette raison que quand on est à bloc, à fond, on peut dire qu’on est "au taquet".

Et puisqu’on est dans les petites pièces, tenez, même la pacotille, qui aujourd’hui désigne une "marchandise de peu de valeur" ou "de qualité médiocre" (Larousse), eh bien à l’origine, le mot vient de l’espagnol pacotilla, de paca, le “ballot” (on retrouve notre paquet français, d’où est issu le paquetage du marin). La pacotille, c’était au départ un "petit lot de marchandises à vendre que pouvaient embarquer (…) l’équipage et les passagers" (Larousse.fr).

Dans les parages...

Et tenez, une autre expression maritime : si vous êtes "dans les parages", amis des mots, où êtes-vous ? Pas loin, en effet. Le parage, à l’origine, c’est la partie des mers qui est proche de la côte. "C’est seulement au cours du XIXe siècle, explique le Dictionnaire historique de la langue française, que le pluriel est passé dans l’usage courant, avec le sens général d’‘environs, voisinage’".

Ah, j’en profite pour revenir sur une expression qui génère quantité d’hésitations. On dit "la fête bat son plein", mais dites-vous "les fêtes battent leur plein" ou "les fêtes battent son plein" ?
On dit "les fêtes battent leur plein". Comme l’explique Larousse.fr, battre son plein, c’est "être au plus fort de son activité", le possessif s’accordant "normalement avec le sujet du verbe", et de donner l’exemple "les soldes battent leur plein".

"L’expression vient du vocabulaire maritime", encore une !, "la mer bat son plein" signifiant qu’elle est haute. Sur ce, chers amis des mots, je crois qu’il est temps (dernière expression marine) que je… "mette les voiles" ! À la semaine prochaine !

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