Langue française : faut-il écrire "Nous avions convenu" ou "Nous étions convenus" ?

Être ou ne pas être ? Ou plutôt, être ou avoir… parfois, en français, là est la question, s'amuse Muriel Gilbert…

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Crédit : yannick-pulver/unsplash

Langue française : Nous avions convenu ? Ou nous étions convenus ?

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Une question d’être ou d’avoir… Ah ces auxiliaires, je reçois quantité de questions à leur propos, et c’est vrai que parfois l’utilisation de l’un ou de l’autre semble bien arbitraire. Un auxiliaire, rappelons-le, quand ce n’est pas une personne qui apporte son assistance à une autre, bref un auxiliaire en grammaire, c’est un verbe qui sert à former les temps composés des autres verbes.

Mais tenez, pourquoi disons-nous "J’ai eu 7 ans" (ou 77 ans !), quand les anglophones disent "j’ai été 7 ans”" (I have been seven), ce qui semblerait presque plus logique, finalement ?

Bon, mais venons-en au sujet du jour, un choix d’auxiliaire tout aussi arbitraire… mais sur lequel les Français sont nombreux à douter, de 7 à 77 ans. Tenez, vous, amis des mots, dites-vous "Nous avions convenu de nous revoir" ou "Nous étions convenus de nous revoir" ? "Nous avons convenu d’un rendez-vous" ou "Nous sommes convenus d’un rendez-vous" ?

Le verbe "convenir" a quantité de sens

Eh bien, en fait… ça dépend ! Voyons surtout un peu de quoi ça dépend… Convenir est un héritage du verbe latin convenire, qui veut dire "venir ensemble, se réunir, se rassembler" (sens que l’on retrouve dans la convention quand elle désigne une réunion ou un congrès : la convention démocrate, la convention des éleveurs de poules naines…, ou même quand convention désigne un accord : "Selon nos conventions, nous devons nous voir une fois par semaine").

Aujourd’hui, convenir a quantité de sens, assez différents les uns des autres : "Cette organisation nous convient bien", "Isabelle et son nouveau chéri se conviennent parfaitement", "Le climat du Sud ne me convient pas", "Ce canapé à pois convient parfaitement dans ton salon vert"… dans tous ces exemples, il est question d’adéquation, en fait.
Et puis il y a le sens d’admettre, de reconnaître quelque chose : "J’ai commis une erreur, j’en conviens."

Selon les cas, c’est l’auxiliaire avoir ou l’auxiliaire être qui s’impose : "Cette organisation nous A convenu" (avoir), mais "Elle et son nouveau chéri se SONT parfaitement convenus" (être) ou encore "Le climat du Sud ne m’A pas convenu" (avoir), "Ce canapé A parfaitement convenu dans ton salon" (avoir). Ces cas-là génèrent peu d’hésitations - du moins chez les francophones de naissance. Imaginez quand même le mérite des étrangers qui se lancent dans l’ambitieux apprentissage de notre langue quand il s’agit de décider entre un "canapé qui m’est (ou qui m’a) convenu"…

Pour l'Académie française, pas le choix !

Mais il y a un cas qui interroge y compris ceux dont le français est la langue maternelle… Le sens qui génère plein d’hésitations entre être et avoir, c’est celui de tomber d’accord sur quelque chose, un rendez-vous, par exemple, ou une décision. Et, vous savez quoi ? Je l’ai souvent dit : quand on hésite à ce point entre deux solutions… c’est que les deux se peuvent.

Ici, c’est une question de niveau de langue. Attention, si l’on en croit l’Académie française, on n’a pas le choix. Voici ce qu’elle dit, dans sa rubrique "Dire ne pas dire" : "Le verbe convenir, quand il signifie ‘correspondre aux besoins, aux goûts, aux aptitudes de quelqu’un', se construit avec l’auxiliaire avoir ; on dit ‘Jusque-là cette fonction m’a convenu'. Mais quand convenir signifie ‘décider, arrêter d’un commun accord’, il se construit avec l’auxiliaire être. Employer avoir dans ce cas est une faute qu’il faut éviter."

Donc, pour l’Académie : "Nous sommes convenus d’un rendez-vous, Nous étions convenus de nous revoir, Les amies étaient convenues que Valérie offrirait le café." Mais l’Académie, rappelons-le, est très conservatrice. Pour le Larousse, plus moderne, en revanche, on peut dire "Elle a convenu ou elle est convenue de sa méprise", "Ils ont convenu ou sont convenus de mettre un terme à leur dispute". Et le dictionnaire précise que l’auxiliaire être est réservé à une langue soutenue. À vous de décider si vous êtes adeptes d’une langue soutenue, amis des mots !

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