1. Accueil
  2. Culture
  3. Culture générale
  4. Langue française : qu'est-ce que le "branle-bas de combat" ?
3 min de lecture

Langue française : qu'est-ce que le "branle-bas de combat" ?

Veiller au grain, avoir les jetons, se porter comme un charme… d’où viennent les expressions françaises ? Réponses avec Muriel Gilbert...

Image d'illustration
Crédit : tengyart/unsplash
Langue française : qu'est-ce que le branle-bas de combat ?
00:03:58
Muriel Gilbert

Parmi les merveilles de notre langue, j’adore spécialement toutes ces expressions que nous employons sans cesse, et parfois sans savoir ce qu’elles signifient. Il y a quelques semaines, je répondais à une question de Jean-Louis, habitant de la ville de Charme, dans les Vosges. J’avais espéré que le gentilé, le nom des habitants de Charme, était les Charmants, mais non, ce sont les Carpiniens, m’apprend Jean-Louis.

Cette appellation vient de carpinus qui veut dire "charme" en latin… l’arbre. Bref, la ville tient son nom de ses charmes (arbres) et non de ses charmes (beautés). En effet, Charmes est entourée de forêts peuplées… de charmes. Et moi, du coup, je me suis demandé pourquoi quand on est en grande forme, souvent après une maladie, on dit qu'"on se porte comme un charme".

Eh bien, figurez-vous que cette expression n’a rien à voir avec l’arbre. "Charme vient du latin carmen 'formule magique, incantation'", explique un gros bouquin passionnant dont je vous ai déjà parlé, Les Expressions françaises, quelle histoire ! (c’est édité par le Robert). Se porter comme un charme, c’est donc "être plein d’énergie, comme par l’effet d’un pouvoir irréel". Et une fois replongée dans ce livre aux trésors, je n’ai pas pu m’empêcher de tourner les pages, évidemment…

Le verbe "branler" apparaît au Moyen Âge

Et tenez, rien à voir avec le charme, savez-vous à quoi renvoie l’expression "branle-bas de combat" ? Il faut d’abord se demander ce que c’est qu’un branle. Le mot dérive du verbe branler qui – non – n’a rien d’équivoque, c’est simplement "secouer" ou "trembler" (comme dans l’expression un peu vieillie "branler du chef"). Bref, le verbe "branler apparaît au Moyen Âge pour tout mouvement d’oscillation".

On le retrouve quand un convoi "se met en branle" par exemple. Au XVIIe siècle, on se met à appeler branle le hamac de toile dans lequel dormaient les matelots. "Ces branles, suspendus au plafond des entreponts, étaient alignés en rangs et se balançaient au rythme des mouvements du navire." Le matin, il s’agissait de les décrocher (c’est le branle-bas) et de les plier. Mais "quand le navire était attaqué, les matelots devaient réagir au cri de 'Branle-bas de combat !' en plaçant au plus vite les hamacs près des embrasures pour se protéger".

Avoir les jetons

Tenez, une autre expression qui m’a surprise : veiller au grain, qui signifie être vigilant ("vous pouvez dormir tranquille, amis des mots, je veille au grain"), eh bien il ne s’agit pas de surveiller la récolte de blé ou de maïs, non, c’est un autre sens de grain, maritime encore : celui qui veille au grain, c’est le "marin qui guette les signes avant-coureurs de la pluie", qu’on appelle souvent "grain" en mer.

Pour ça, il est utile d’avoir des "yeux de lynx", mais figurez-vous que la vision du lynx, ce gros chat, n’a pas de qualités particulières.

L’expression est en fait une déformation du prénom d’un héros de la mythologie grecque, Lyncée, qui, lui, voyait à travers les nuages ! Et tenez, est-ce qu’il vous arrive d’"avoir les jetons" ? Moi, j’ai tout le temps les jetons. D’abord, minute orthographe, on dit avoir les "chtons", mais bien sûr, ça s’écrit "jetons", comme des jetons de casino. Mais pourquoi ? Parce que, comme pour les jetons de casino, il s’agit de quelque chose qu’on jette… En fait, ici il s’agit d’une image… peu ragoûtante : "avoir les jetons", c’est avoir une peur à vous donner la colique.

Vous voulez une expression plus adaptée à l’heure du café et des croissants, peut-être, pour terminer ? Avec plaisir, je ne voudrais pas "avoir maille à partir" avec vous. D’autant que je suis sûre que vous ne savez pas pourquoi, quand on a un conflit avec quelqu’un, cette histoire de maille vient se mettre là-dedans. Eh bien cette maille n’a pas grand-chose à voir avec le tricot. La maille, à l’époque des rois capétiens, était la plus petite des pièces des monnaie.

D’ailleurs, en argot, aujourd’hui encore, la maille c’est de l’argent. Quant au verbe partir, il ne s’agit pas d’un synonyme de s’en aller mais d’un sens plus ancien, celui de "diviser en parties" (on dit aujourd’hui partager). "Avoir maille à partir avec quelqu’un, détaille le livre, c’est littéralement avoir un demi-denier à partager avec lui, ce qui ne peut manquer d’entraîner des querelles". Je m’en voudrais d’avoir maille à partir avec vous, amis des mots !

L'équipe de l'émission vous recommande

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

S’abonner à la Newsletter RTL Info
En Direct
/

Bienvenue sur RTL

Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur

Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.

Bienvenue sur RTL

Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio

Je crée mon compte