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Crédit : hasan-almasi/unsplash
C’est une bataille trop méconnue de l’histoire de France, ou plutôt de l’histoire du français, vous allez voir. La “querelle des ouïstes et des non-ouïstes”, une de ces guerres féroces entre amis des mots dont notre pays a le secret, un peu comme celle qui est en cours entre les partisans du F et ceux du PH à nénuphar, ceux de l’accord alambiqué du participe passé et ceux qui veulent le simplifier, les partisans du S à la place du X au pluriel des chevaux et des cheveux et ceux (comme moi, j’avoue) qui tiennent à ce X comme à la prunelle de leurs yeux (leurs yeux avec un X).
Alors, sur quoi portait cette querelle ? Sur le son “ou”, figurez-vous. Elle a duré du Moyen Age jusqu’au XVIIe siècle, et je n’en avais jamais entendu parler jusqu’à ce que je la découvre à la lecture d’un savoureux recueil de chroniques d’un ami des mots dont je vous ai déjà parlé, Michel Feltin-Palas. Ça s’appelle Cultivons la langue française ! et c’est aux éditions Héliopoles.
Et que reprochait-on au son “ou” ? Il était jugé moins chic que le son “o”, imaginez-vous. Où ça va se nicher, hein ? Eh oui, quand les plus lettrés prononçaient “o”, le peuple et les milieux moins érudits avaient tendance à privilégier le “ou”. Les uns prononçaient douze, les autres doze, les premiers disaient couleuvre quand les seconds disaient coleuvre, idem avec formi et fourmi, arroser ou arrouser, reposer ou repouser, etc. Et qui a gagné la bataille ? Personne… et tout le monde !
En fait, l’usage, comme toujours… qui n’a que faire de nos querelles et ne se soucie guère de logique. Les ouïstes ont gagné pour douze, couleuvre et fourmi quand les non-ouïstes ont emporté le morceau pour arroser et reposer ! “De temps à autre, écrit Michel Feltin-Palas, le pile ou face le cède au grand n’importe quoi. [C’est ainsi que] des mots de la même famille donnent des résultats opposés : (…) vouloir et volonté”, par exemple, mais aussi course et corsaire… Le corsaire, c’est “celui qui pratique la course”, explique le Dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey, “soit, en droit maritime, la capture des vaisseaux marchands ennemis”.
Le corsaire court après les autres bateaux, quoi. On a donc dit à une époque à la fois coursaire et corsaire. Mais c’est le second qui a gagné, victoire aux non-ouïstes dans ce cas-là. Mais pour la course, victoire aux ouïstes. Et voilà, encore une fois, comment on se retrouve avec une langue merveilleusement illogique. Vive le français !
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