Grâce à un hors-série du magazine Lire intitulé 500 expressions françaises décortiquées, plongeons-nous dans les expressions fondées sur des chiffres. Par exemple, savez-vous ce que c’est que le bouillon d’onze heures ? C’est le "breuvage empoisonné que l’on donne quand on veut se débarrasser de quelqu’un, ou [autre option !] celui que l’on prend quand on veut mettre fin à ses jours".
L’expression remonte au XVIIIe siècle. Mais alors pourquoi d’onze heures ? Claude Duneton, ce grand amoureux des expressions françaises, expliquait qu’il s’agissait sans doute de onze heures du soir, "la nuit étant associée à la mort et minuit à la dernière heure de la journée. Celui qui prend un bouillon d’onze heures est donc sûr que sa dernière heure est arrivée".
Et vous dites "d’onze heures" ? On ne dit pas plutôt "DE onze heures" ?, demanderez-vous. C’est vrai, comme le spécifie le Larousse, “Il est d’usage de ne pas élider l’article ou la préposition qui précède onze ou onzième, bien qu’ils commencent par une voyelle : il part le onze juin [et non l’onze juin]; il est arrivé le onzième [et non l’onzième] ; il n’y en a plus que onze (et non *qu’onze). - Seule exception [justement, précise le dictionnaire] : l’expression familière bouillon d’onze heures (…)”. À noter qu’on peut aussi dire "bouillon DE onze heures".
Autre expression chiffrée : multiplions onze par deux : 22. Savez-vous pourquoi on dit "22, v'là les flics" ? Là, l’expression d’origine, c’est "22" tout court. Le magazine met en avant une explication datant du XIXe siècle, selon laquelle il s’agirait d’un héritage de l’argot des typographes, ceux qui, dans les imprimeries d’antan, composaient les textes à l’aide des caractères de plomb. Quand le typographe "placé le plus près de la porte voit entrer le prote dans l’atelier de composition [le prote étant le chef], il crie 'Vingt-deux !', synonyme d’"Attention !" Quand c’est le patron, il crie : 'Quarante-quatre !'" "Cette étymologie serait liée à la taille respectable des caractères" (le 22, c’est pour les titres, pas pour le texte courant, et 44 c’est carrément géant).
Mais peut-être vous moquez-vous de tout ça comme de l’an quarante, amis des mots ? Ça tombe bien, moi j’adore l’origine de cette expression car elle est issue d’une erreur, d’une déformation en fait. Au XVIIe siècle, on disait "s’en moquer comme de l’Alcoran", cet étrange Alcoran étant une francisation, une mauvaise prononciation, de l'arabe al-Qur’an : le Coran ! Au XVIIe siècle, on se moquait en France de l'Alcoran "au double sens du terme : le railler ou s’en désintéresser". Progressivement, par erreur, un peu comme l’expression "être fier comme Artaban" devient parfois "être fier comme un petit banc", "s’en moquer comme de l’Alcoran" s’est transformé "s’en moquer comme de l'an 40" !
Si cette explication vous séduit autant que moi, vous êtes "au septième ciel". Mais pourquoi pas le 8ᵉ ou le 12ᵉ ou le 100ᵉ ciel ? Eh bien, nous apprend ce hors-série de Lire, si de nos jours, il n’y a qu’un ciel au-dessus de nos têtes, "pour les Anciens, l’Univers était organisé en sphères concentriques [représentant] chacune un ciel. Elles étaient au nombre de sept, une pour chacun des astres alors répertoriés" : Lune, Mercure, Vénus, Soleil, Mars, Jupiter et Saturne. La plus haute sphère était la septième. Bref, le septième ciel, on ne fait pas mieux !
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