Amis des mots, ce matin, on parle bobos orthographiques. Je lisais cette semaine un article du Figaro immobilier, et je suis tombée sur cette faute qui fait partie de mes préférées : “C’est là que le bas blesse”. C’est vrai qu’aujourd’hui, ce qui se prononce “ba”, c’est soit une sorte de chaussette plus ou moins haute et plus ou moins transparente, soit un adjectif, l’inverse de haut, quoi. On pourrait même aller jusqu’au “bah !”qui est une interjection exprimant l’étonnement ou l’insouciance. Mais le bât que nous rappelle cette expression, c’est un bât BÂT…
“C’est là que le bât blesse”, ça veut dire “c’est là qu’est le hic”… Et là où le bât blesse, justement, côté orthographe, c’est que beaucoup de monde, y compris des journalistes, eh oui, écrit ce bas B.A.S., comme un bas nylon ou une chaussette, alors que le bât dont il est question ici est celui de… l’âne bâté. Au passage, pour le Larousse, l’âne bâté est une “personne sotte ou ignorante”. En vérité un âne est un animal remarquablement intelligent… la preuve : il ne fait pas toujours ce qu’on veut !
Au sens propre, le bât, vient du grec bastazein, qui veut dire “porter”. Le bât est ce dispositif de bois que l’on fixe sur le dos des bêtes de somme pour y installer la charge. Certes, on n’en croise plus beaucoup dans les rues de nos villes. C’est pour cette raison que cette erreur fait florès, d’autant plus que, c’est vrai, parfois le BAS blesse – quand les élastiques sont trop serrés, c’est très énervant.
Quant à notre BÂT, c’est l’un des charmes des expressions que de conserver dans notre langue des mots qui sans elles en auraient quasiment disparu.
D’ailleurs, il y a des expressions qui sont si anciennes qu’on ne les comprend plus… Tenez, j’en ai une autre qui est jolie, dans le genre. Quand on dit “il n’y a pas péril en la demeure”, on croit souvent qu’il s’agit de la demeure synonyme de maison. En réalité, c’est “il n’y a pas péril à demeurer, à rester ainsi”. Ah, en parlant de demeurer, on dit souvent “qui dort dîne”, comme si c’était un dicton : le sommeil fait oublier la faim.
Cette explication est contestée par beaucoup d’auteurs, qui pensent qu’il s’agit plutôt du texte d’un panonceau qu’affichaient les aubergistes du Moyen Age : si vous voulez dormir ici, il faut aussi y prendre votre dîner. Bon, quoi qu’il en soit, amis des mots, c’est plutôt l’heure du lever et du petit déjeuner, délicieux repas qui, au passage, contrairement à ce que je vois un peu partout, ne prend pas de trait d’union… Sauf quand c’est un verbe : quand je petit-déjeune (avec un trait d’union), je prends mon petit déjeuner (sans trait d’union) !
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