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Crédit : roland-hechanova/unsplash
Amis des mots, je ne voudrais pas vous mettre de mauvaise humeur de si bon matin, mais… c’est un peu la dernière ligne droite pour remplir votre déclaration de revenus. J’étais en train de transpirer sur la mienne il y a quelques jours quand tout à coup je me suis demandé pourquoi Bercy me parlait d’assiette.
Évidemment, cette assiette-là n’a pas grand-chose à voir avec celle qu’on pose sur la table du déjeuner en famille : c’est l’assiette fiscale, le montant qui sert de base au calcul de l’impôt. Mais comment se fait-il que ce soit le même mot ? Eh bien, assiette vient du latin assedita, qui désigne "l’assise", puis le terme s’est progressivement mis à désigner le "placement des convives" à table. Mais c’est le sens originel de "ce qui est assis", de "ce qui est établi", qui est à l’origine du sens fiscal de la chose, précise le dictionnaire Antidote. C’est pourquoi, d’ailleurs, quand on n’est pas dans son assiette, il s’agit davantage de place, d’équilibre, que de nourriture.
L’assiette comme l’assise font partie de la famille d’asseoir. Un verbe qui a une caractéristique unique en français : celle d’avoir deux conjugaisons. En fait, elles "sont la trace, explique le Littré, de deux prononciations provinciales qui avaient cours dans l'ancien français : j’assois dans le centre, j’assieds dans l’ouest". Les deux formes sont tout à fait correctes, même si "je m’assieds" est jugé d’un niveau de langue un peu supérieur à "je m’assois". Du moins dans l’Hexagone, car le Canada préfère "je m’assois".
Il y a également certains usages dans lesquels on emploie une forme plutôt que l’autre. C’est surtout une question de sens propre ou figuré. On peut dire au sens propre "assieds-toi sur cette chaise" ou "assois-toi sur cette chaise". "En revanche, explique la Banque de dépannage linguistique, dans des emplois figurés, où asseoir a généralement le sens de ‘fonder, établir’, (…) assoi- est privilégié (…) : On assoit une entreprise, une réputation"… ou un impôt.
Ah, et il y a une forme interdite, que pourtant on entend fort souvent dans la vie de tous les jours : "Assis-toi !". C'est un participe passé, l’équivalent de "levé-toi" ou de "couché-toi" : bref, un barbarisme ! Donc s’il vous plaît, pas d’assis-toi. Enfin, dernière coquetterie du verbe asseoir : son infinitif a lui aussi deux orthographes. Traditionnellement, on écrivait asseoir. Mais, depuis la réforme de l’orthographe de 1990, on peut aussi écrire assoir, sans le E muet.
Personnellement, je suis attachée au E que j’ai appris à l’école. Mais je reconnais qu’il n’a pas grand-chose de logique, d’autant qu’il n’apparaît qu’à l’infinitif : on écrit je m’assois, tu t’assois, il s’assoit sans E. Quoi qu’il en soit, vous avez le choix, là encore. Donc maintenant, amis des mots, vous pouvez vous rasseoir, avec ou sans E muet… devant votre déclaration d’impôts ! Bon couraaaage !
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