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Comment masculinise-t-on "sage-femme" ?

Sage-femme, sage-homme, homme sage-femme ? On parle souvent féminisation. La masculinisation n’est pas sans poser quelques questions !

Naissance (image d'illustration)

Crédit : christian-bowen/unsplash

Comment masculinise-t-on "sage-femme" ?

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Comment masculinise-t-on "sage-femme" ?

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Muriel Gilbert

Aujourd’hui, amis des mots, on revient sur la féminisation des noms de métiers et de fonctions ou plutôt la masculinisation, pour une fois. J’ai reçu un livre à offrir à tous les nouveaux papas : Devenir papa pour les nuls, sans vouloir offenser personne : c’est le nom de la collection bien connue. Vous savez que je regarde toujours les choses par le petit bout linguistique de la lorgnette et là, ce qui a attiré mon attention, c’est le métier d’un des coauteurs, Adrien Gantois. Il est sage-femme, figurez-vous.

C'est une question que l’on me pose souvent, lors de dictées ou de conférences, quand je rencontre des lecteurs de mes livres ou des auditeurs de RTL : "On féminise auteur en autrice, chauffeur de bus en chauffeuse, mais comment masculinise-t-on sage-femme ?"

Les hommes sont encore rares dans cette profession, mais ils existent : ils en représente 2 %. On peut même se demander si ce n’est pas à cause du nom même du métier, qui semble en faire une affaire de femmes exclusivement, que les hommes y sont si peu nombreux – puisque chez les obstétriciens, par exemple, il y a presque autant d’hommes que de femmes.

Si l’on en croit le Larousse 2022, sage-femme est un nom féminin, et la définition est : "Praticienne exerçant une profession médicale à compétence limitée au diagnostic et à la surveillance de la grossesse, et à la pratique de l’accouchement." Le dictionnaire précise quand même que la profession est ouverte aux hommes depuis 1982, et recommande de les appeler "hommes sages-femmes".

Pompeux maïeuticien

Etrange appellation… D’ailleurs, l’Académie française, au moment de l’ouverture de la profession aux hommes, justement, a proposé un terme bien plus court : maïeuticien. Mais finalement, il est peu employé, jugé peu transparent, pas très parlant, quoi et bien trop pompeux ! Le Petit Robert propose une autre solution : dire "une sage-femme, un sage-femme", comme on dit “une élève, un élève” ou "une malade, un malade", bref considérer qu’il s’agit d’un mot épicène, c’est-à-dire un mot identique aux deux genres.

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Certes, "un sage-femme", ça surprend. Parce que c’est (relativement) nouveau. Traditionnellement, les sages-femmes étaient des femmes, bien entendu. Mais, ce n’est pas du tout pour cette raison qu’on les appelle des "sages-femmes". En effet, dans sage-femme, le mot femme représente la patiente, la parturiente, tandis que sage, c’est celle (ou celui !) qui sait, l’experte (ou l’expert) en son domaine. Un peu sur le modèle de garde-malade, si vous voulez. Sage est dérivé du verbe latin sapere, "savoir", qui nous a aussi donné l’Homo sapiens, d’ailleurs, l'être humain moderne, celui qui sait tout (si on veut, ou qui croit tout savoir).

Tiens, justement, encore un truc délicieux qu’on ne sait pas : ce n’est pas un hasard si le savoir et la saveur se ressemblent autant. Tous les deux dérivent du même sapere latin, qui a désigné d’abord ce qui a bon goût, de la saveur, avant d’être employé au sens figuré pour désigner les personnages savants et les sages. Est-ce que ce n’est pas exquis, que le savoir soit une chose savoureuse ? 

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