Affaire des poisons : sorcellerie, meurtres, sacrifices... Comment un réseau d'empoisonneuses a semé la terreur en France

PODCAST - En 1676, sous le règne de Louis XIV, une affaire de sorcellerie et d'empoisonnement va bouleverser la cour royale. L'affaire des poisons expose alors au grand jour les complots et rivalités qui agitent la noblesse...

Gravure de Louis XIV avec la Marquise de Montespan

Crédit : AFP - Bianchetti/Leemage

L'affaire des poisons : scandale et sorcellerie à la cour du Roi

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C'est encore aujourd'hui l'une des affaires les plus terrifiantes de toute l'histoire de France. Si le règne de Louis XIV est connu pour avoir été le plus long de l'histoire européenne et avoir fait briller la France, entre 1676 et 1682, une série de scandales impliquant des empoisonnements va pourtant longtemps secouer sa cour et tout Paris. Derrière le faste de Versailles, de nombreux actes de sorcelleries et rituels vont bouleverser les plus hauts rangs de l'aristocratie.

Tout commence en 1672 avec la mort de l'officier Godin de Sainte-Croix. Lors de l'inventaire de ses biens, on découvre de nombreuses fioles d'arsenic et des lettres compromettantes de sa maîtresse, la marquise de Brinvilliers. Cette dernière avoue dans ses écrits avoir empoisonné son père et ses deux frères pour s'emparer de leur héritage. Bien que convoquée par la justice, la marquise réussit à fuir en Angleterre. Elle est finalement exécutée quelques années plus tard. On pense d'abord à un incident isolé, mais ce n'est pourtant que le début d'une sombre affaire de poisons...

Quelques années plus tard, en 1679, une révélation surprenante lors d'un dîner à Paris, va tout faire basculer. Maître Perrin, un avocat, entend une femme, Marie Bosse, se vanter de la fortune qu'elle a accumulée grâce à la vente de poisons. Intrigué, l'avocat rapporte cette conversation à François de la Reynie, le lieutenant général de police de Paris. Conscient de la gravité des accusations, il ordonne une enquête approfondie. On commence à craindre ceux qui pourraient jeter des sorts... L'enquête progresse, et il devient clair que Marie Bosse fait en réalité partie d'un vaste réseau de vendeuses de poisons. Face à l'ampleur de la menace, Louis XIV décide de créer un tribunal spécial, 'la Chambre ardente', pour traiter ces affaires d'empoisonnement et de sorcellerie. C'est dans ce contexte que les rituels occultes à la cour du Roi Soleil commencent à être exposés au grand jour...

Sorcellerie et rituels à la cour du Roi Soleil

L'affaire est prise très au sérieux par les autorités, car elle implique des personnes de haut rang et menace de ternir la réputation de la cour de Louis XIV. Au centre de ce réseau de fournisseuses de poison, une femme, dénoncée par Marie Bosse, attire particulièrement l'attention : Catherine Monvoisin. Épouse d’un bijoutier, elle s'est, elle aussi, enrichie grâce à la vente de poudres magiques et de fioles de poison. Sous la torture, elle révèle les noms de ses clientes. Elle avoue que Madame de Montespan, la favorite de Louis XIV, aurait participé à des messes noires pour conserver l'amour du roi et éliminer ses rivales. L'arsenic, surnommé "poudre de succession", est également utilisé pour se débarrasser des personnes gênantes, notamment des héritiers, afin d'accélérer l'obtention d'un héritage.

Marguerite Joly, une autre empoisonneuse, confie à son tour aux autorités les pratiques occultes qui ont lieu à Paris et au sein de la cour du roi. Depuis des années, de nombreuses disparitions d'enfants sont signalées dans les faubourgs de Paris. Un prêtre avoue célébrer des messes noires, où des enfants sont sacrifiés pour invoquer des démons. Leur sang est mélangé à des hosties réduites en poudre pour créer des potions prétendument magiques, comme des philtres d'amour ou des baumes de jouvence. C'est la première fois dans l'histoire de France qu'un culte satanique organisé en réseau est identifié. Ces cérémonies secrètes inversent les rites chrétiens traditionnels et visent à invoquer des forces démoniaques pour obtenir des pouvoirs ou des faveurs. Elles impliquent souvent des prières récitées à l'envers, l'utilisation de symboles sataniques et, selon certains récits, des sacrifices d'animaux et même d'enfants.

Dépassé par ces révélations et la proximité de ces actes avec la cour, Louis XI décide de dissoudre 'la Chambre ardente' 1682. Il ordonne également de bruler l'ensemble des documents pour préserver son règne. Le réseau d’empoisonneurs et d’occultistes est démantelé. Le bilan est vertigineux : 442 accusés, 104 jugements qui se concluront par 36 condamnations à mort et 34 bannissements du royaume.

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