Le procès de deux faussaires français bien connus du petit monde de l'art s'est ouvert mardi 25 mars. Deux compères sans scrupules, mais pas sans talent qui ont dupé, entre autres, le château de Versailles et la famille de l'Émir du Qatar et dont Le Monde a retracé la folle histoire. Bill Pallot, était le cerveau, érudit, costumes trois pièces, vestes en tweed, ancien enseignant à la Sorbonne et spécialiste des sièges et fauteuils du XVIIIe. Son surnom, le "père Lachaise".
Bruno Desnoues, lui, était la main. Ébéniste de haut vol, meilleur Ouvrier de France, avec pignon sur rue dans son atelier parisien du quartier Saint-Antoine, le meilleur du monde dans son domaine. Ils avaient le talent, l'expertise, les réseaux et ils s'en sont servis pour falsifier l'Histoire. Tout est parti d'une blague, ou d'une provocation en restaurant une authentique chaise de la comtesse du Barry, ils ont eu cette idée : "Et si on en faisait une de plus, pour voir si ça passerait ?".
Pallot savait que treize fauteuils du même type avaient été livrés en 1769, dix seulement étaient recensés. Alors ils en ont fabriqué pas un, mais trois.
Pas quatre. Sinon la supercherie aurait été découverte. Le stratagème est rodé. Pallot achètait des carcasses pour quelques milliers d’euros, Desnoues ajoutait sculptures, dorures, patines, il vieillissait le bois derrière un rideau de son atelier, même ses employés ne se sont rendus compte de rien.
Les sièges sont ensuite passés chez un doreur et un tapissier, tous deux payés au noir, qui ne savaient pas ce qu'ils avaient là entre les mains. Puis viennent les fausses estampilles, c'est à dire les marques gravées à chaud ou frappées au fer, la signature des artisans de l'époque, celles qui font toute la valeur. Parfois même, une vraie étiquette est prélevée sur une vieille carcasse.
Pallot, ensuite, active son réseau. Des experts reconnus, des galeries prestigieuses, des intermédiaires soit complices, soit aveugles. Et tout le monde valide, tout passe. On parle là de fauteuils qui valent des fortunes. En 2008, chez Drouot, la maison de vente, La famille Guerrand-Hermès acquiert une chaise censée provenir d’un cabinet privé de Marie-Antoinette. Le prix ? 530.000 euros.
Trois ans plus tard, chez Sotheby’s, on en vend une autre 420.000 euros. L’acheteur ? Le château de Versailles. Enfin, le coup de maître. Deux chaises Louis XVI, dites du pavillon du Belvédère de la reine, vendues 2 millions d’euros au frère de l’émir du Qatar, le prince Al Thani. Des sièges classés trésor national. Ah ça, ils étaient beaux, mais ils étaient faux.
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