Adolfo Kaminsky, passionné de chimie et de photographie est recruté à l'âge de 17 ans par les réseaux clandestins. Dans son laboratoire, installé en plein Paris, il sauve des milliers de vies de juifs et de résistants en fabriquant des faux papiers. Dans le livre que lui a consacré bien des années plus tard sa fille, il raconte que chaque minute avait pour lui la valeur d'une vie : "Rester éveillé, le plus longtemps possible, lutter contre le sommeil, le calcul est simple. En une heure, je fabrique trente faux papiers, si je dors une heure, trente personnes mourront".
À la Libération, les services secrets français recrutent le génie du faux, il entre dans l'armée, pas longtemps, l'uniforme n'est pas taillé pour lui. Sollicité par le mouvement sioniste, Adolfo Kaminsky replonge dans la clandestinité et fabrique des papiers pour les rescapés des camps qui émigrent en Palestine et rêvent à l'époque d'un état juif.
Son incroyable destin ne s'arrête pas là, pendant plus de trente ans, il poursuit son travail de faussaire pour le FLN, les luttes révolutionnaires d'Amérique du Sud, l'ANC de Nelson Mandela, l'opposition aux dictatures d'Espagne, du Portugal, de Grèce et même Cohn-Bendit en mai 68 pour qui il établit un faux passeport qui lui permet de revenir en France après son expulsion en Allemagne.
Toujours mu par un idéal pacifiste et humaniste et soucieux de préserver sa liberté, Adolfo Kaminsky ne se fera jamais payer, menant une double vie, photographe le jour, faussaire la nuit. Il est mort le 9 janvier 2023 à l'âge de 97 ans.
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