Depuis quelques mois, j'ai reçu quantités de messages me demandant de me pencher sur le sens exact du mot "chance". Pour ne parler que des derniers, citons Martine, de La Ciotat, et aussi Denis, qui s’agace d’entendre parler "du nombre de chances qu’on a d’attraper le (ou la) Covid-19 ou de se trouver au chômage".
C’est vrai, on ne peut pas vraiment parler de chance. Pourtant, ce n’est pas aussi simple que ça. Chance vient du latin cadere, qui veut dire "tomber" et qui s’employait en particulier, explique le dictionnaire de l’Académie française, dans le cadre des jeux de dés et d’osselets, donc avec un sens proche du hasard, de la probabilité. Pour l’Académie, le premier sens de chance, c’est l’"effet heureux ou malheureux que peut avoir une action ou un événement".
Larousse.fr donne les exemples : "Il a une chance sur deux de réussir – ou d'échouer". Mais le dictionnaire en ligne précise que "le mot n'est plus employé en ce sens que dans l'expression soignée." Le "sens aujourd’hui le plus courant" de chance est bien celui de "hasard heureux" que revendiquent Martine et Denis, alors que c’est l’autre sens "qui était autrefois le plus fréquent, détaille le Larousse, et la chance pouvait être qualifiée de bonne ou mauvaise" – la "mal chance" !
On peut donc bien parler du nombre de "chances" qu’on a de tomber malade. Mais c’est une utilisation qui surprend aujourd’hui ; elle est en train de tomber en désuétude, semble-t-il. Si on veut donc éviter toute polémique, on peut utiliser le terme de "probabilité", qui est neutre, ou de "risque", qui, lui, est négatif, sans ambiguïté. En somme, attention : on dit "je risque de tomber malade" mais pas "je risque d’être guéri bientôt" (sauf, après tout, si on a envie de rester malade parce que c’est l’occasion de se faire chouchouter !).
Et puisque nous parlons de chance, vous êtes-vous jamais demandé pourquoi il existe cette superstition qui veut qu’on ne doive pas souhaiter bonne chance ? La tradition d’utiliser le mot de cinq lettres qui commence par "m" et qui finit par "erde" au lieu de souhaiter "bonne chance" à quelqu’un remonterait au XIXe siècle, dans le monde du spectacle, où l’on craint plus que tout les salles vides. Plus grand était le nombre de voitures à cheval qui avaient déposé du public devant le théâtre, plus impressionnante était la quantité de… crottin. Donc on en souhaitait aux comédiens.
Pas moyen de savoir si cette légende est fondée, malheureusement. Ce qui est certain, c’est que dans quantité d’autres langues du globe, on se souhaite des malheurs pour ne pas attirer la poisse. En anglais, on dit "break a leg" (casse-toi une jambe), en italien on vous souhaite de finir "dans la gueule du loup", ou mieux encore "dans le cul de la baleine !"
Je vous laisse faire votre choix, amis des mots !
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