Loin du cambriolage du Louvre, comment l'Espagne s'est passionnée pour la disparition d'un Picasso

Un petit trésor, disparu d'un musée, retrouvé quelques jours plus tard. Si la France ne parle que du musée du Louvre depuis le 19 octobre, jour d'un cambriolage spectaculaire et de la disparition de bijoux estimés à 88 millions d'euros, une petite affaire culturelle agite l'Espagne au même moment. 

Un petit Picasso de 1919, Nature morte à la guitare, gouache estimée à 600.000 euros, avait disparu avant de réapparaître quelques jours plus tard. 

Ici, pas de voleurs, mais un mystère de logistique. L'enquête s'est achevée le 24 octobre dernier, une vingtaine de jours après la disparition de l'œuvre. Le 3 octobre dernier, les employés de la Fondation CajaGranada, à Grenade, préparaient une exposition consacrée aux natures mortes, "L'éternité de l'inerte", accueillant une cinquantaine de colis sont arrivés, des prêts émanant majoritairement de collections privées. 

Une fascinante camionnette blanche

Si les caisses et cartons semblaient mal numérotés, le responsable du musée a signé le bordereau d'entrée à l'arrivée des livreurs. Une semaine plus tard, l'équipe du musée constate qu'un tableau manque à l'appel, déclenchant l'ouverture d'une enquête et un véritable feuilleton suivi par toute l'Espagne. 

Dans l'affaire des bijoux de la couronne de France, l'image du monte-charge accolé au musée a marqué les esprits. En Espagne, c'est la camionnette blanche aux vitres teintées des transporteurs que tout le pays connaît désormais. Le New York Times a retracé le parcours de cette camionnette et la télévision espagnole note une étrange escale à Deifontes, bourgade de 2.000 habitants à 20 minutes seulement de la fondation. 

À grand renfort des vidéos de caméras de surveillance mises à disposition par la ville, la police espagnole a épluché le CV de nos deux livreurs avant de les interroger. "C'est vrai qu'en arrivant à Madrid, on s'est rendu compte qu'il y avait deux colis, deux bouts de carton, numéroté 15", reconnaît l'un d'entre eux. Le fameux Picasso en faisait partie.

Le tableau n'avait pas été volé

Finalement, rien de bien rocambolesque. Le tableau n'a jamais quitté l'immeuble d'habitation madrilène où il devait être récupéré par les deux transporteurs. 

Ce Picasso estimé à 600.000 euros, emballé par du papier bulle, encartonné, scellé, un vrai petit trésor, est resté pendant près de 20 jours dans le hall d'entrée de l'immeuble de son propriétaire, comme on laisserait un mauvais prospectus traîner au-dessus des boîtes aux lettres.

Pas de cambriolage, juste l'histoire d'un oubli. Les autorités espagnoles préfèrent parler de perte accidentelle, la vérité, c'est que le matin du 2 octobre, avant qu'une camionnette blanche aux vitres teintées s'avance devant l'entrée de cet immeuble résidentiel en plein cœur de Madrid, le couple de gardiens précautionneux était déjà passé par là. Ils avaient déjà récupéré le petit carton pour le placer dans leur loge, pensant qu'il s'agissait d'un colis destiné à un résident.

Le récit du cambriolage du musée du Louvre

7 minutes pour braquer le Louvre, un podcast inédit de RTL. Dimanche 19 octobre 2025, en plein cœur de Paris, un braquage a frappé le musée le plus célèbre du monde. En seulement sept minutes, quatre hommes masqués ont dérobé neuf joyaux de la Couronne de France dans la galerie d’Apollon du Louvre, avant de disparaître à scooter le long de la Seine. En trois épisodes, Nathan Laporte refait le film du cambriolage et ses conséquences en s’appuyant sur les informations et les témoignages recueillis par les journalistes de la rédaction de RTL.

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