J’ai reçu quantité de messages après ma récente chronique sur les polysémies, ces mots qui ont plusieurs sens, comme charrette, par exemple, qui est un véhicule à traction animale, mais qui peut aussi être son contenu (une charrette de foin), ou encore une façon familière de désigner un ensemble de personnes licenciées d’une entreprise, ou même un "travail intensif effectué pour remettre à temps un (…) ouvrage urgent", selon la définition du Larousse, dans lequel je découvre (merveille !) que charrette est également, en Suisse, une interjection familière, qui "exprime la surprise, l’admiration, l’embarras". Peut-être qu’un auditeur suisse pourra nous confirmer cet usage.
Et donc, sur les mots qui ont plusieurs sens, j’ai reçu notamment ce message de Bérangère, de Lyon, qui me fait remarquer qu’ils sont l’occasion de "plein de jeux de mots" et "qu’il y a beaucoup de polysémies en français grâce aux conjugaisons".
Elle a raison. Par exemple on pourrait dire "Peignez le plafond, pas la girafe" ! Voilà un jeu de mots qui s’appuie sur la confusion entre deux formes verbales qui sont identiques par accident, puisqu’elles sont issues de deux verbes qui n’ont rien à voir entre eux, peindre et peigner.
Là, ce n’est pas un même mot qui a plusieurs sens, ce sont des mots différents… qui se ressemblent par hasard, dans certaines conjugaisons. Et si je dis "ils lacèrent leurs chaussures", ils mettent leurs lacets au passé simple, mais si je dis "ils lacèrent leurs vêtements", ils les mettent en pièces, au présent. Idem si je dis "ils admirent Stéphane Carpentier", sans contexte, on ne peut pas savoir si je parle au présent (ils sont épatés par Stéphane) ou au passé simple (ils l’acceptèrent dans leur club ou dans leur école).
Bérangère a raison de remarquer que ces termes à plusieurs sens sont l’occasion de jeux de mots, qui portent un nom savant : ce sont des "antanaclases", que le Larousse définit exactement comme la "répétition d’un même mot pris dans des sens différents". L’exemple le plus classique est une célèbre citation de Blaise Pascal : "Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point." Le mot raison y est utilisé dans ses deux sens de "motivation" et d’"intelligence".
Je ne vous jette pas la pierre, Pierre !
Mais mon antanaclase préférée est une des répliques cultes du Père-Noël est une ordure, quand Josiane Balasko dit : "Je ne vous jette pas la pierre, Pierre !" Là on joue sur les deux sens de "pierre" : le caillou et le prénom. Plus fort, on peut pratiquer ce que l’on appelle des antanaclases elliptiques, c’est à dire dans lesquelles la répétition du mot est sous-entendue, comme quand un autre Pierre (Desproges) dit : "L’intelligence, c’est comme les parachutes : quand on n’en a pas, on s’écrase", dans laquelle il s’amuse, naturellement, des deux sens de s’écraser : "s’aplatir" et "se taire"… mais sans répéter le verbe pour autant. Et là, je dis : "Charrette !"
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