Ce samedi, nous parler allons parler d’enfants, de parents et de boutons. Vous allez comprendre. Voici une petite aventure qui m’est arrivée récemment. Nous rendions visite à des cousins en famille. Ils nous ont présenté Lou, 4 ans, qui était chez eux pour quelques jours. A la fin du repas, Lou, très sage jusque-là, s’est mise à chouiner : "Mais c’est à quelle heure qu’ils arrivent, les enfants de Danielle ?" Il nous a fallu quelques secondes pour comprendre : la pauvre petite fille avait été victime d’une polysémie.
Polysémie, on dirait un nom de maladie, mais alors c’est une maladie bénigne de la langue… française ! La polysémie, avec ce préfixe issu du grec polus qui veut dire « beaucoup » et séma, "le sens", c’est la propriété d’un mot qui a plusieurs sens, et qui donc engendre parfois de malheureux quiproquos.
Comme pour Lou, à qui on avait annoncé la venue de "Danielle et ses enfants", et qui se réjouissait à la perspective d’avoir des petits copains pour jouer. Quand ma mère (Danielle) est arrivée, accompagnée de mon frère et moi, qui avons tous les deux dépassé la cinquantaine, Lou n’a pas imaginé une seconde que c’était nous, les "enfants" de Danielle. Et elle a continué de les attendre, les "enfants", trahie par ce double sens.
Et il y a quantité d’autres double sens en français ! Tenez l’autre jour sur Twitter, Kath2, qui est médecin, s’étonnait de la polysémie entre la prescription en droit et en médecine : dans un cas, c’est le délai après lequel la justice ne peut plus être saisie, dans l’autre, c’est l’ordonnance du docteur. Mais beaucoup de mots encore plus banals ont plusieurs sens…
Tenez, le bête bouton : il peut être un bourgeon végétal, comme le bouton de rose, mais aussi servir à boutonner un gilet, à monter le son de la radio ou ne servir à rien, juste être un disgracieux bouton sur le nez. Il y a aussi les parents, qui peuvent être vos géniteurs ou désigner toute votre famille, jusqu’à des gens que vous n’avez jamais rencontrés.
J’en profite pour dédier cette chronique à la petite Lou, bien sûr, avec toutes mes excuses pour n’être plus une enfant, mais aussi à Marie-Laure, de Paris, qui m’écrit qu’elle "ne rate jamais ma chronique sur RTL" (oh, merci Marie-Laure !) et justement elle avait envie que je traite "la question des mots polysémiques, comme hôte, dit-elle, qui signifie à la fois celui qui reçoit et celui qui est reçu... "
Là, chère Marie-Laure, c’est même un cas particulier, car les deux sens sont carrément opposés ! On les appelle d’un nom savant : "énantiosèmes", où l’on retrouve le séma grec de tout à l’heure, le "sens", et énantios, "opposé".
Il y a l’hôte, naturellement, mais le plus fameux exemple d’énantiosème reste le verbe louer (si vous louez un appartement, vous pouvez en être propriétaire ou locataire). Il y a aussi le verbe apprendre (qui peut signifier enseigner à quelqu’un ou acquérir un savoir de quelqu’un). Mais j’aime surtout le délicieux verbe obliger, qui veut dire rendre service à quelqu’un ou à l’inverse le forcer à faire quelque chose. D’ailleurs, amis des mots, je ne voudrais pas vous y obliger, mais vous m’obligeriez en me beurrant une petite tartine !
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