Comment éviter les erreurs avec les auxiliaires "être" et "avoir" ?
Muriel Gilbert tire le portrait de ces deux verbes, être et avoir, qui sont parmi ceux que nous utilisons le plus et qui nous piègent le plus.

Amis des mots, c’est un peu la chronique sur "j’ai été" ou "je suis allé" qui a inspiré celle-ci… Je voudrais vous parler de ces deux verbes, être et avoir, qui sont sans doute ceux que nous utilisons le plus, et qui souvent pourtant nous mettent en difficulté !
Pour commencer, pourquoi les appelle-t-on des auxiliaires ? Eh bien, il faut revenir au sens premier du mot : un auxiliaire, nous dit Larousse.fr, est un "moyen, objet ou instrument qui fournit une aide dans un travail déterminé". On parle souvent d’auxiliaires de justice ou d’auxiliaires de vie, là il s’agit de personnes, mais elle aussi viennent en aide à d’autres.
Être et avoir ne seraient donc pas des verbes à part entière ? Eh si, ils sont avant tout des verbes. Si je dis "J’ai un chien" ou "Tu as de belles bottes", c’est bien le verbe avoir à part entière que j’utilise. Quand je dis "Vos bottes sont belles" ou "Le chien est vieux", c’est là aussi le verbe être à part entière – et d’ailleurs, avez-vous remarqué que ce verbe est le champion de la complication : quel rapport entre les formes "suis", "est", "sommes", "sont", "furent" ? On est déjà très forts d’y reconnaître à chaque fois le verbe être !
Quand "être" et "avoir" sont-ils des auxiliaires ?
Alors, quels sont les cas où "être" et "avoir" sont-ils effectivement des auxiliaires ? La plupart du temps, quand ils servent à conjuguer les autres verbes. Ils les "assistent" dans cette tâche : si je dis "ils ont mangé", le verbe avoir (ont ) est auxiliaire. Il permet de mettre "manger" au passé composé. C’est la même chose pour "ils sont mangés" : "sont", c’est le verbe être devenu auxiliaire. Mais, figurez-vous qu’avoir est parfois même auxiliaire du verbe être, quand je dis "Ce chien a été beau", par exemple. Plus fort encore : le verbe avoir peut être aussi auxiliaire… de lui-même – si je dis "nous avons eu beau temps", je l’utilise deux fois (avons et eu) et dont une fois comme auxiliaire.
Je le reconnais, c’est à faire tourner la tête ! C’est peut-être ce qui explique que l’on hésite beaucoup entre être et avoir dans certains emplois. J’ai corrigé dans Le Monde cette semaine un "il est passé outre" - eh non, c’est "il a passé outre". À noter d’ailleurs que le mot outre dans cette expression est toujours précédé et suivi d’un A (mais le deuxième A n’est pas l’auxiliaire avoir, c’est la préposition à, donc avec accent : "Elle a passé outre à mes ordres". Donc, notez ce petit moyen mnémotechnique bizarroïde, mais pour moi ça marche : "Outre s’écrit avec deux A" !
Quel auxiliaire utiliser avec le verbe "convenir" ?
L’un de nos auditeurs , Jean, s’interrogeait également "Quel auxiliaire doit-on utiliser avec le verbe convenir ?, me demande-t-il. “Nous avons convenu d’un rendez-vous” ou “Nous sommes convenus d’un rendez-vous” ? Eh bien, on peut faire les deux. C'est une question de niveau de langue. Voici ce qu'en dit Larousse.fr : Convenir de, dans le sens de tomber d'accord ou avouer, "se conjugue soit avec avoir, soit avec être (…). Avec l'auxiliaire avoir dans le registre courant : ils ont convenu d'un jour pour se rencontrer ; il a convenu de son erreur. Avec l'auxiliaire être dans l'expression soignée : ils sont convenus d'un jour pour se rencontrer ; il est convenu de son erreur". Bref, ici pas d’erreur possible ! C’est rassurant, convenons-en !