La route solaire est une belle idée en théorie, mais la théorie, ce n’est pas la pratique ! Imaginez, des kilomètres de route recouverts de panneaux solaires produisant de l’électricité pour tout le pays, ça faisait rêver. Et l’État avait mis les moyens : 5 millions d’euros pour une expérimentation grandeur nature, une route solaire de 400 mètres de long, à Tourouvre, dans l’Orne, inaugurée en grandes pompes en 2016 par Ségolène Royal, qui envisageait à l’époque d’équiper 1.000 km en 2021. La réalité a été un peu différente.
Pour commencer, la surface des panneaux solaires n'a pas été aussi robuste qu'on l'espérait. La route, c'est un environnement extrêmement exigeant : il y a les voitures, les camions, les intempéries... Les panneaux se sont rapidement dégradés. Imaginez un peu des panneaux solaires qui se prennent un "road trip" de camions de 30 tonnes tous les jours, ils ne font pas long feu. La production d'énergie a été aussi très en deçà des attentes. Dès la première année, la production était à la moitié de l’objectif, elle correspondait, en étant gentil, à la consommation d’une dizaine de familles, en admettant d’ailleurs qu’elles n’utilisent l’électricité que par grand soleil, ce qui est évidemment rarement le cas.
Les panneaux solaires sont bien plus efficaces lorsqu'ils sont inclinés vers le soleil, comme sur les toits. On n’est pas sous les tropiques. Là, sur une route, ils sont plats et souvent ombragés par les véhicules. Un panneau sous une voiture, c'est un panneau qui ne produit pas d'énergie. En plus, la saleté, la poussière et les déchets routiers ont rapidement couvert les panneaux, réduisant encore plus leur efficacité.
On peut parler d'un échec cuisant. Depuis 8 ans, et en dépit d’incessants changements de dalles solaires, la production a été divisée par 3. Bilan de ces 8 ans d’expérimentation, selon ses concepteurs : elle a permis de vérifier que ces dalles solaires sont mieux adaptées sur des parkings et des pistes cyclables que sur des routes. Un prototype de 3 mètres de long aurait sans doute révélé toutes ces faiblesses bien avant qu'on ne dépense des millions d'euros. D’ailleurs pour les spécialistes du domaine, comme Olivier Appert, polytechnicien, ce projet de route solaire était "énergétiquement et économiquement absurde".
Malheureusement, comme souvent, les décideurs politiques n’ont pas voulu écouter les ingénieurs, on a voulu mettre la charrue avant les bœufs, et on en paie les conséquences aujourd'hui. À Tourouvre, on ferme, on démonte les panneaux et on va remettre du bon vieux macadam. Et il n’y a aucun nouveau projet de route solaire.
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