4 min de lecture
La page d'accueil de la plateforme australienne de vidéos en direct Kick.com
Crédit : Kick
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La mort en direct sur Kick du streamer français Raphaël Graven, connu en ligne sous le nom de Jean Pormanove, a braqué les projecteurs sur cette plateforme méconnue du grand public caractérisée par ses contenus trashs et sa politique de modération résolument permissive.
Fondé fin 2022 en Australie par Ed Craven et Bijan Tehrani, les créateurs de Stake, un site de casino en ligne interdit en France, Kick est une plateforme de vidéos en direct conçue pour concurrencer Twitch, le leader du secteur avec 105 millions d'utilisateurs actifs chaque mois. Son apparence et son fonctionnement sont très proches de la plateforme d'Amazon, très populaire auprès des amateurs de jeux vidéo.
Comme sur Twitch, il est possible de s'abonner aux diffuseurs de contenus, de commenter les vidéos dans un chat en direct et de donner des pourboires aux créateurs via un système de dons, qui permettent aux spectateurs d'influer sur les vidéos en cours.
Mais pour se distinguer de sa rivale américaine, Kick a offert des conditions plus avantageuses aux créateurs de contenus tout en revendiquant une liberté d'expression beaucoup plus large.
Adossé au site de paris en ligne Stake, Kick s'est d'abord fait connaître en diffusant massivement des jeux d'argent. En parallèle, le site a mis en place un système de rémunération particulièrement attractif pour les créateurs : le site ne prélève que 5% des revenus des abonnements, contre 30% à 50% sur Twitch.
Cette politique lui a permis d'attirer des grands noms du secteur, comme le streamer québécois xQc, la mannequin américaine Amouranth, sanctionnée par Twitch pour ses contenus jugés trop sexuels, ou l'influenceur américain Adin Ross, banni de Twitch pour avoir proféré des propos homophobes en 2021 et figure de Kick depuis. Une position qui pourrait expliquer sa proposition de financer les funérailles de Jean Pormanove aux côtés du rappeur canadien Drake, qui possède également une chaîne sur la plateforme et un contrat avec le casino virtuel des cofondateurs de Kick.
Kick s'est également distingué par sa modération très permissive qui tolère jeux d'argent, contenus sexuels, humiliations et violences. Contrairement à Twitch et YouTube, où ce type de vidéos peut entraîner un bannissement, Kick permet à des streamers de prospérer avec des contenus problématiques. En attirant des influenceurs bannis ailleurs ou adeptes de la provocation, la plateforme s'est forgée une image sulfureuse, nourrie par une succession de polémiques. En 2023, une escort-girl avait été séquestrée en direct par un streamer. L'année suivante, un influenceur ivre a provoqué un accident de voiture en plein live. Un autre a piégé une femme sans-abris pour l'humilier en direct.
La plateforme australienne; qui revendiquait une audience d'environ 800.000 spectateurs en moyenne en août, est aujourd’hui vivement critiquée pour avoir capitalisé sur les humiliations infligées à Jean Pormanove, dont la chaîne était la plus suivie en France avec près de 200.000 abonnés.
Cet ancien militaire de 46 ans, filmé sans interruption depuis plus d’une semaine au moment de sa mort en direct, subissait injures, coups et brimades, après avoir enduré pendant des mois des violences psychologiques orchestrées par ses acolytes, notamment les streamers "Naruto" et "Sefine" du collectif "Le Lokal TV", sous les rires d’une communauté complice. Selon BFMTV, le compte français de Kick sur X avait même relayé à plusieurs reprises des moqueries à son encontre, allant jusqu’à promouvoir un t-shirt vendu 100 dollars représentant le streamer recouvert d’huile de vidange, tiré d’une scène d’humiliation diffusée en direct.
Dans ses conditions d'utilisation, Kick assure interdire les contenus "incitant à une violence odieuse" et dit disposer d’une équipe de modération active 24 heures sur 24. Mais ni la dénonciation de ce business de la maltraitance dans une enquête de Mediapart en décembre 2024, ni les signalements des internautes la nuit du drame n'ont incité la plateforme à mettre un terme à la diffusion des sévices subis par l'influenceur français.
Mercredi matin, le site a fait savoir sur X que "tous les co-streamers ayant participé à cette diffusion en direct ont été bannis dans l'attente de l'enquête en cours". La plateforme, qui s'engage à "collaborer pleinement avec les autorités", affirme également entreprendre une "révision complète" de son contenu en français. Une enquête a été ouverte par le parquet de Nice pour faire la lumière sur cette affaire. Lors d'une première enquête menée après la publication de l'article de Mediapart fin 2024, Jean Pormanove n'avait pas souhaité porter plainte et avait déclaré aux policiers qu'il considérait les streamers "Naruto" et "Safine", tortionnaires à l'écran, comme "des amis, sa famille", se disant "totalement libre de ses mouvements et de ses décisions".
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