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Qu'est-ce que DeepSeek, l'intelligence artificielle chinoise qui bouscule ChatGPT et affole la tech américaine ?

Un laboratoire chinois a développé un modèle d'intelligence artificielle qui semble aussi performant que ChatGPT malgré des moyens beaucoup plus limités. La percée de ce nouvel acteur remet en question les investissements colossaux réalisés par les entreprises américaines pour dominer le secteur.

La percée de l'IA chinoise DeepSeek inquiète la tech américaine
Crédit : AFP
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Benjamin Hue
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Le monde de l'intelligence artificielle est peut-être en train de vivre sa plus grande révolution depuis l'avènement de ChatGPT. Celle-ci tient en deux mots : DeepSeek, "chercher en profondeur" en anglais, le nom d'une start-up chinoise dont les performances des modèles d'IA ont bluffé les experts par leurs coûts dérisoires. Son dernier produit, révélé le 20 janvier, ferait aussi bien que les modèles d'OpenAI ou Google pour beaucoup moins cher. De quoi remettre en question les investissements massifs réalisés par les entreprises américaines pour dominer le secteur ces derniers mois.

Lancé en 2023 par un fonds d'investissement de Hangzhou, DeepSeek est un laboratoire d'intelligence artificielle censé permettre à la Chine de rivaliser avec les grands groupes américains. Cette petite société développe des assistants conversationnels comparables à ChatGPT d'OpenAI, Gemini de Google ou Claude d'Anthropic, capables de répondre à des questions, d'analyser des documents et de générer du texte. Elle a lancé son modèle de langage DeepSeek V3 en Chine en décembre, avant de présenter un modèle de raisonnement, DeepSeek R1, spécialisé dans la résolution de problèmes complexes le 20 janvier. 

Ces deux produits ont impressionné l'industrie pour leur rapport coût-efficacité. DeepSeek V3, présenté en fin d'année, était annoncé meilleur que GPT-4o et 10 fois moins cher à concevoir. Son successeur, DeepSeek R1, fait encore mieux. Il aurait surpassé ou égalé o1, le modèle le plus performant d'OpenAI, dans des tests de mathématique, de linguistique, de codage ou de chimie pour un coût d'entraînement de 5,6 millions de dollars, dix fois moins que les modèles des géants américains, et un tarif 96% moins cher pour les développeurs qui souhaiteraient l'utiliser. Le modèle a aussi la particularité d'être ouvert, permettant aux chercheurs et aux entreprises d'utiliser librement ses découvertes à travers le monde.

Le "moment Spoutnik" de l'IA

Le tour de force réalisé par DeepSeek surprend d'autant plus que la société chinoise a dû composer, en théorie, avec des puces moins puissantes que ses concurrents américains, en raison des restrictions imposées par les États-Unis à l'exportation. "On dit souvent que de la contrainte naît la créativité. C'est la preuve que le façon d'architecturer les modèles est cruciale. Ils ont réussi à mettre de l'intelligence dans l'architecture pour compenser le fait qu'ils avaient moins de force brute", constate Jean-Baptiste Bouzige, président d'Ekimetrics, une société spécialisée dans les solutions d'IA dédiées aux entreprises.

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Pour améliorer leur modèle, les ingénieurs de DeepSeek se sont notamment appuyés sur l'apprentissage par renforcement à grande échelle sans ajustement fin supervisé. "Cette technique nécessite normalement une supervision humaine très coûteuse pour recadrer l'IA en lui indiquant si elle va dans la bonne ou la mauvaise direction. Mais DeepSeek a réussi à introduire des fonctions spéciales bien paramétrées qui permettent à son modèle d'avoir des capacités de raisonnement sophistiquées de façon autonome", résume Abdelmounaim Derraz, directeur du Metalab de l'ESSEC. La société a également pu s'appuyer sur une main d'œuvre et des coûts de développement moins élevés qu'aux États-Unis. "Un énorme avantage dans l'intelligence artificielle", assure Stéphane Roder, dirigeant de AI Builders, un cabinet de conseil en IA.

L'engouement pour DeepSeek n'a pas tardé à se matérialiser après la publication du modèle. L'application est devenue ce week-end la plus téléchargée sur iPhone aux États-Unis, (dans le top 3 en France), détrônant pour la première fois ChatGPT sur ses propres terres. Pour Marc Andreessen, poids-lourds de la Silicon Valley et soutien de Donald Trump, "Deepseek R1 est le moment Spoutnik de l’IA", en référence au lancement du satellite soviétique qui avait fait prendre conscience des capacités de l'URSS aux États-Unis et accéléré la conquête spatiale pendant la Guerre froide. L'Amérique ne peut plus ignorer que la Chine ambitionne de devenir leader de l'intelligence artificielle d'ici 2030, avec des investissements prévus de plusieurs dizaines de milliards d'euros.

L'éclatement de la bulle IA ?

Si les performances de DeepSeek doivent encore être vérifiées de manière indépendante, sa percée a déjà provoqué un séisme dans le monde de l'intelligence artificielle. Moins d'une semaine après l'annonce par OpenAI, Nvidia, Oracle et Softbank d'un plan d'investissement à 500 milliards de dollars dans l'IA signé par Donald Trump, le laboratoire chinois vient remettre en cause le dogme qui prévalait jusqu'ici dans l'économie du secteur selon lequel il faudrait forcément des moyens colossaux pour développer un modèle performant. "DeepSeek a le mérite de mettre un coup de canif au narratif très accélérationniste de la Silicon Valley. La Chine apporte un démenti concret et mesurable au fait qu'il ne suffit pas de mettre des dizaines de milliards de dollars en plus pour créer de la performance", souligne Jean-Baptiste Bouzige, directeur d'Ekimetrics. 

Les conséquences sont immédiates pour les leaders de l'IA. Les valeurs technologiques se sont effondrées à l'ouverture des marchés en Europe et aux États-Unis. Le géant des semi-conducteurs Nvidia, première capitalisation mondiale, a perdu plus de 13% à l'ouverture de Wall Street, lundi, avec plus de 400 milliards de dollars de capitalisation envolés. Avec les défis posés par DeepSeek, les investisseurs et les analystes ne sont plus aussi certains que l'avance des États-Unis dans les semi-conducteurs et leur capacité à bloquer leur accès à la Chine sont de nature à garantir l'hégémonie du pays dans l'intelligence artificielle. 

"L'avènement de DeepSeek est peut-être en train de fissurer le marketing américain. Est-ce qu'à travers Stargate et OpenAI, les États-Unis n'ont pas gonflé volontairement le ticket d'entrée dans l'IA pour dissuader les autres acteurs ?", s'interroge Stéphane Roder, fondateur de AI Builders. S'il est possible d'utiliser un modèle d'IA performant en local sans avoir à payer 200 dollars par mois, OpenAI va peut-être devoir revoir le prix de ses forfaits. "Tout le marché de l'investissement en capital-risque qui a mis des milliards de dollars sur ces entreprises est en train de se demander s'il n'est pas allé trop loin dans la valorisation du secteur. Cela pourrait profiter à des modèles d'IA à l'approche plus responsable, plus économes en calcul et en énergie", souligne Abdelmounaim Derraz, directeur du Metalab de l'ESSEC. Un créneau où la France pourrait avoir son mot à dire, avec la startup Mistral, dont le patron a fait savoir récemment qu'il envisageait une introduction en Bourse.

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