Laurent de Crasto, ingénieur en agro-viticulture, a découvert en 2015 les propriétés prodigieuses d'une micro-algue trouvée au large du Morbihan. Cette micro-algue, on ne la voit pas à l'oeil nu dans un verre d'eau. Elle mesure entre 3 et 50 microns. Dans le microscope, elle forme des carrés, des triangles, des figures géométriques sensationnelles. Mais surtout elle détient un pouvoir magique, explique Laurent de Crasto : cette micro-algue fait disparaître le mildiou, le fameux champignon qui menace les vignobles et donc notre vin.
"Quand on filtre cette micro-algue brune et qu'on la sèche, on obtient une poudre très fine qui a une odeur de truffe. Cette poudre contient une molécule qui, lorsqu'on la met en contact avec le champignon, détruit tout simplement le champignon".
Cette poudre d’algue, en laboratoire et sous serre, s'est révélée efficace non seulement contre le mildiou, mais aussi contre le botrytis, donc les deux grandes maladies de la vigne. On serait donc en présence du premier pesticide naturel entièrement biodégradable.
"C'est vraiment très prometteur", confirme Xavier Planty, co-propritétaire du Château Guiraud à Sauternes, plein d’espoir. Depuis l’annonce de cette découverte, des dizaines de vignerons du Bordelais, du Languedoc et du Champenois - qui n’ont souvent pas d’autres choix que d’utiliser des pesticides chimiques - ont contacté Laurent de Crasto pour lui dire : "On vous donne une parcelle de vignes ! Venez chez nous essayer cette micro-algue miraculeuse".
Le mois prochain dans le Bordelais, on va tester cette micro-algue pour la première fois en plein champs, dans les vignes. On va vérifier si, soumises au vent, aux variations de températures, à la pluie, et aux autres organismes vivants, la poudre est aussi efficace. On va vérifier si effectivement la vigne est immunisée. Sur le papier, tout indique que ça devrait marcher.
On a potentiellement une solution qui fonctionne sur une grande partie des cultures agricoles françaises
Laurent de Crasto, ingénieur en agro-viticulture
Ensuite, il faudra multiplier les tests sur d’autres cépages, d’autres régions. Il faudra voir ce qu'on ajoute de produit toujours bio, afin que la poudre s’étale sur la feuille. Avec les délais pour les mises sur le marché, la société ImmunRise Technologies, qui mène ces recherches, pense pouvoir être prête à commercialiser ces bio-pesticides d’ici trois ou quatre ans.
Si cette molécule naturelle est aussi efficace que les pesticides que l’on utilise, c’est effectivement une révolution pour l’agriculture en général. Car la grande découverte de ces derniers mois - c'est information que vous révèle RTL -, c'est que cette micro-algue est efficace non seulement sur les vignes, mais aussi sur bien d’autres cultures. Des tests vont donc être menés sur du blé dans les semaines qui viennent en région parisienne.
Et Laurent Crasto ne va pas s'arrêter là. "On a potentiellement une solution qui fonctionne sur une grande partie des cultures agricoles françaises : pomme de terre, pomme, fraise, salade, concombre, tomate. Cela veut dire qu'à terme, on peut envisager un produit puissant et efficace avec un spectre très large qui concernerait plus de la moitié de l'agriculture", assure-t-il.
On a potentiellement trouvé une solution pour supprimer la moitié des pesticides chimiques, que la France et l’Europe veulent voir progressivement disparaître. Cette découverte ouvre la voie à l’idée que dans la nature, on peut trouver - à condition de bien chercher - les solutions pour notre futur, plutôt que d’inventer solutions que la nature ne connait pas.
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