Les comptes "adolescents" se généralisent sur Instagram. Mis en cause dans de nombreuses affaires de cyberharcèlement et poursuivi par une quarantaine d'États américains qui l'accusent d'avoir nui à la santé mentale des jeunes utilisateurs de sa plateforme, le réseau social du groupe Meta a commencé à mettre en place cet automne des comptes plus protecteurs pour les moins de 18 ans aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en Australie. L'entreprise américaine a annoncé ce mercredi 11 décembre que les restrictions appliquées à ces profils font officiellement leur arrivée en France et en Europe à compter de ce jour.
Instagram est l'une des plateformes les plus prisées des jeunes en France et dans de nombreux marchés. D'après une étude Médiamétrie datée de février, deux tiers des Français âgés de 15 à 24 ans s'y connectent au moins une fois par jour. Soucieux d'améliorer son image auprès des parents, le réseau social a multiplié les annonces en faveur de la protection des mineurs ces dernières années. Les comptes adolescents viennent automatiser la plupart de ces protections qui restaient jusqu'ici optionnelles, comme la limitation du temps d'écran, la limitation des interactions avec les autres usagers et le contrôle parental sur l'utilisation de l'application par leur enfant.
Comme il est de coutume à chaque mise à jour des plateformes sociales, la mesure sera progressivement appliquée aux utilisateurs concernés dans les prochaines semaines. "Les adolescents du monde entier commenceront à obtenir des comptes Instagram pour adolescents en janvier", précise la plateforme sur son site. "Lorsque votre adolescent verra apparaître cette notification sur son téléphone, cela signifie que son compte passera sous sept jours sous un compte adolescent", explique encore le réseau social. Meta prévoit ensuite d'intégrer ces protections dans ses autres applications sociales dans les mois à venir.
Les comptes "adolescents" appliquent d'abord l'ensemble des restrictions imposées aux comptes privés. En s'inscrivant sur Instagram aujourd'hui, les utilisateurs âgés de 13 à 18 ans ont des comptes privés par défaut. Cela implique des limitations dans leur utilisation de l'application. Concrètement, ils ne peuvent pas recevoir de messages de personnes qu'ils ne suivent pas déjà ou avec lesquelles ils ne sont pas déjà en lien. Ils doivent approuver manuellement chaque nouvel abonné et ne peuvent être identifiés ou mentionnés que par les personnes qu'ils suivent. Les comptes adolescents ajoutent à ces limites le filtrage automatique des mots offensants, des arnaques et des sollicitations indésirables dans les commentaires et les messages privés, mais aussi l'application des paramètres les plus restrictifs pour limiter l'exposition à des vidéos violentes ou faisant la promotion de la chirurgie esthétique.
À ces protections se superposent aussi des limites de temps d'usage, avec l'envoi de notifications incitant à quitter l'application après 60 minutes de connexion quotidienne et l'activation automatique du mode sommeil entre 22h et 7h du matin, une option qui met en sourdine les notifications et envoie des réponses automatiques aux messages privés. Ces paramètres sont appliqués automatiquement. Toute modification visant à les assouplir devra recevoir l'autorisation des parents pour les moins de 16 ans. Les adolescents âgés de 16 à 17 ans auront la possibilité de basculer leur compte en mode public sans autorisation, à condition que la supervision parentale ne soit pas configurée.
En activant cette fonctionnalité, les parents auront en outre la possibilité de fixer leurs propres limites, en bloquant certaines plages horaires ou en fixant une durée quotidienne d'utilisation. Ils pourront aussi accéder à la liste des personnes avec lesquelles leur enfant a échangé lors de la semaine écoulée, mais ils n'auront pas de visibilité sur le contenu des messages.
L'application de ces mesures ciblant les mineurs soulève immanquablement la question de la vérification de l'âge des utilisateurs. Comment Instagram entend-il contrôler que les adolescents ne mentent pas sur leur date de naissance pour contourner les restrictions ? La politique de la plateforme, interdite aux moins de 13 ans, est de ne pas demander de pièce d'identité lors de la création d'un compte. Mais elle dit disposer d'outils de veille automatiques capables de détecter des signaux suggérant des incohérences entre l'utilisation d'un compte et son âge supposé. En cas de doute, ou si un adolescent tente de modifier son âge a posteriori, une vérification peut être demandée à l'aide d'une procédure impliquant l'enregistrement d'un selfie vidéo ou l'envoi d'une pièce d'identité. La plateforme peut aussi demander à des amis en commun ou aux comptes de parents de se porter garants de leur âge.
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