Les Français dorment de moins en moins. Nous sommes passés pour la première fois en dessous de la barre des sept heures par nuit en semaine. Nous avons dormi en moyenne 6h42 en 2017, contre 7h09 en 2010 et 8h12 en 1970, soit une perte de sommeil d'1h30 en 50 ans. Ces chiffres sont le résultat d'une grande enquête de Santé publique France, que relaie ce matin la Matinale du Monde.
La proportion des petits dormeurs, ceux qui dorment moins de six heures par nuit, s'est accrue, note le journal, qui relève que les femmes sont plus concernées. Un tiers des Français s'estime aujourd'hui en dette de sommeil. Les raisons sont multiples : les écrans, le bruit, la pollution, les temps de trajet domicile-travail qui se sont allongés, mais aussi nos rythmes de travail. Aujourd'hui, près de 5 millions de Français travaillent la nuit, contre 3,3 millions en 1990.
Tout cela, rappelle le Monde, a bien sûr des incidences sur notre santé. La présidente de l'Institut national de veille sanitaire (INVS) parle même du déficit de sommeil comme d'une épidémie qui agave la plupart des maladies chroniques. De nombreuses études ont montré que dormir moins de six heures par nuit accentue considérablement les risques d’obésité, de diabète, d'hypertension, mais aussi de cancer.
Alors, la solution pourrait-elle être... de faire chambre à part ? C'est à lire dans le magazine Society, qui, dans son dernier numéro, consacre un grand dossier au sommeil. 43% des Français estiment que s'ils dorment mal, c'est entre autres à cause de leur moitié. 58% se plaignent des mouvements de l'autre, 50% de ses ronflements, 10% assurent que la présence de l’être aimé leur donne trop chaud.
Rien d’étonnant, assure Joëlle Adrien, neurobiologiste et directrice de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Elle explique qu'une personne qui dort fait en moyenne cinquante mouvements par nuit. Forcément, si elles sont deux dans le même lit, elles ne sont pas parfaitement synchrones et les mouvements de l'une réveillent l'autre, et vice versa.
Pour résoudre ce problème, il y a la solution "king size" : 45% des Français disent avoir adopté un lit plus grand, d'au moins 1m60. Il y a aussi faire chambre à part, 8% des Français ont fait ce choix et ils seraient autant à y songer. Contrairement à ce qu'on peut croire, ce n'est pas la mort du couple, estime Jean-Claude Kaufmann, sociologue et auteur d'Un lit pour deux. Il faut, dit-il, mettre fin à l'idée que l'on s'aime mieux si on dort ensemble. Pour lui, le sommeil est quelque chose d'individuel, de personnel, et si on ne s'accorde pas pour dormir, il vaut mieux préserver son sommeil que croire que l'on va préserver son couple.
En France, 40% des personnes en couple estiment que le manque de sommeil a un impact négatif sur leur vie sexuelle, 39% sur leur vie de couple. Bien dormir, conclut la patronne de l'Inserm, améliore la relation de couple.
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