Avec le #bebeenmodeavion, ce ne sont pas des ailes que la marque Petit bateau propose à la vente, mais un bonnet et une couverture de naissance "anti-ondes". À l'image du "mode avion" qui coupe théoriquement tout échange d'ondes, téléphonique ou wifi, avec l'extérieur. "Dans notre monde ultra connecté où le wifi et les smartphones sont
désormais omniprésents, on préserverait volontiers bébé en le mettant…
en mode avion", affiche la marque sur les réseaux sociaux.
Une mise sur le marché qui fait vivement réagir. Si d'aucuns saluent l'initiative, évoquant une "une valeur ajoutée significative pour la santé de nos bébés" et saluant une "superbe innovation", d'autres s'insurgent "devant tant de bêtises", estimant qu'il n'y a "aucune justification scientifique à [la] démarche" qui ne fait que "jouer sur les peurs infondées" des parents.
Petit Bateau n'est pourtant ni la première, ni la seule marque à vendre des tissus réputés "anti-ondes". Ces textiles ont la particularité d'être composés partiellement de fils métalliques, qui seraient responsables de la protection contre les ondes. "Cette maille anti-ondes est composée de coton associé à un fil Polyamide 6-6 (nylon) gainé d'argent", a confirmé Nicolas Bodart, directeur Business Unit Matières de Petit Bateau, joint par RTL.fr.
Le responsable de Petit Bateau a assuré qu'il pouvait "certifier que [les] produits stoppent à 99%" les ondes", selon des tests "conduits à la demande de la marque par un laboratoire indépendant (EMITECH) pour s’assurer du fondement scientifique de cette innovation". RTL.fr a téléphoné à ce laboratoire, qui a accepté de nous expliquer ses processus d'évaluation.
Selon Thierry Rafesthain, directeur de centre Emitech, "nous n’avons pas de vêtements. Nous avons un tissu, un morceau de tissu d'une taille, liée à l’essai, de 60 cm sur 60 cm", envoyé par le client. Petit Bateau via son directeur Business Unit Matières a confirmé à RTL.fr que c'était la maille anti-onde qui avait été testée, et non le bonnet et la couverture en tant que telle.
Dans un une cage de Faraday, "nous faisons une mesure sans le tissu : une onde est transmise entre 2 antennes (une émettrice, l’autre réceptrice) à une fréquence donnée. Puis, nous plaçons le tissu, et nous regardons ce qui reste de l’onde au travers du tissu.", a-t-il expliqué. "L'efficacité
du niveau de protection offert par ce produit a été testée sur les ondes de 800
MHz à 5,8GHz (fréquences incluant Wifi et smartphone)", a précisé Nicolas Bordart de Petit Bateau à RTL.fr.
Thierry Rafesthain a d'ailleurs rappelé qu'"on ne parle pas de vêtements 'anti-ondes', mais de vêtements atténuateurs d’ondes. Quand on dit un casque anti-bruit, il y a toujours du bruit qui passe, mais il y en a moins. Ce n’est pas 'anti' mais une atténuation."
"Nous donnons au client des valeurs en décibels, et pour que cela soit plus compréhensible par le grand public, il arrive que les marques passent en pourcentage", a détaillé pour RTL.fr le spécialiste.
Quand Petit Bateau avance le chiffre de 99 %, c'est comme si on mettait une télévision au volume 100, que l'on mettait un casque anti-bruit, et que ce casque atténuait le son pour ne laisser passer à nos oreilles qu'un volume 1. Une équivalence confirmée par le responsable du laboratoire Emitech.
"En
aucun cas Petit Bateau n’est en mesure de prendre position sur la question de
l’impact des ondes sur les enfants, sujet sur lequel travaillent encore de
nombreux instituts de recherche en médecine", a déclaré à RTL.fr Nicolas Bodart de Petit Bateau. La marque qui n'hésite pas sur les réseaux sociaux à citer l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur le sujet.
Dans un avis de juin 2016 intitulé "Exposition aux radiofréquences et santé des enfants", l'institution publique évoque "un effet possible des radiofréquences sur les fonctions cognitives - les résultats montrant des effets aigus se basent sur des études expérimentales dont la méthodologie est bien maîtrisée - et le bien-être - ces effets pourraient cependant être liés à l’usage du téléphone mobile plutôt qu’aux radiofréquences qu’ils émettent."
"En revanche, les données actuelles ne permettent pas de conclure à l’existence ou non d’un effet des radiofréquences chez l’enfant sur le comportement, les fonctions auditives, les effets tératogènes et le développement, le système reproducteur mâle et femelle, les effets cancérogènes, le système immunitaire et la toxicité systémique" conclut l'avis.
Cependant, le rapport de l'Anses est basé sur des études épidémiologiques analysées, dont "un certain nombre d’entre elles utilisent, comme mesure de l’exposition aux radiofréquences, le recueil de données d’usage du téléphone mobile." "Les bébés n'ont pas un usage effréné des communications sans fil à ma connaissance", a souligné Anne Perrin, spécialiste du risque électromagnétique et membre de la Société française de radioprotection, jointe par RTL.fr.
Si elle ne remet pas en cause les propriétés anti-ondes de ces tissus, elle les juge "totalement inutiles." "Il y a une réglementation pour l'exposition aux ondes électromagnétiques en vigueur en France, un décret de 2002, qui est adaptée à la population, enfants et bébés compris, a expliqué celle qui est par ailleurs docteur en biologie.
"Les mesures de champs électromagnétiques effectuées régulièrement par l'Agence nationale des fréquences montrent que nous sommes très en dessous des seuils autorisés, a conclu la co-auteure de "Champs électromagnétiques, environnement et santé", aux éditions EDP Sciences. Il faut arrêter de faire peur aux gens."
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