Dans le nouvel épisode du podcast "Symptômes", Pierre Gargadennec, médecin généraliste à Quimper (Finistère), raconte le cas d’un jeune patient qu’il a pris en charge, il y a plus de trente ans maintenant.
En 1992, Pierre Gargadennec est alors au tout début de sa carrière. Ce jour-là, alors qu'il est à son cabinet, l’homme reçoit l’appel paniqué de la mère d’une famille qu’il soigne. Elle raconte que son fils de 14 ans a été victime d’un soudain évanouissement, alors qu’il prenait sa douche.
Interpellé par l'inquiétude de la mère au téléphone, Pierre Gargadennec se rend directement au domicile familial. La situation n'est pas banale. C’est la première fois qu'il voit ce jeune homme, qu’il connait bien, pour un motif potentiellement sérieux. "Je le voyais régulièrement pour des pathologies assez simples", contextualise le médecin dans Symptômes.
Le docteur l’examine et l’interroge sur les circonstances du malaise. L’adolescent dit ne plus se souvenir de rien. Le médecin est inquiet. En effet, l’amnésie évoque, en général, des diagnostics bien plus graves. Face à cet évanouissement brutal sans raisons apparentes, le médecin élimine l’hypothèse d’un simple malaise vagal.
Il y a des petites anomalies qui pourraient faire penser que ce jeune homme a fait une crise d’épilepsie
Docteur Pierre Gargadennec
Deux autres hypothèses s’ajoutent à ce tableau clinique : épileptique ou cardiologique. "Devant cette situation, je n’avais plus d’autres solutions que de le faire hospitaliser", explique Pierre Gargadennec. Pourtant, le garçon ne semble pas conscient de la gravité de son cas. "Ce qui était assez frappant chez ce jeune homme, c’était son aspect assez passif."
Le jeune homme est envoyé au service de neurologie de l'hôpital le plus proche. Sur place, le garçon reçoit également la visite d’un cardiologue et passe alors une batterie d’examens. Pierre Gargadennec se souvient d'avoir été anxieux à ce moment-là : "La crainte, c’est que ça révèle une maladie grave."
L’électrocardiogramme ne révèle pourtant aucun dysfonctionnement cardiaque et aucune tumeur au scanner cérébral. En revanche l’encéphalogramme, lui, interroge. "Il est dans les limites de la normale, il y a des petites anomalies qui pourraient faire penser que ce jeune homme a fait une crise d’épilepsie", explique le médecin.
Le neurologue de l'hôpital suspecte
chez le jeune patient une épilepsie généralisée, ce qui expliquerait sa chute lors de sa douche. Néanmoins, le diagnostic est délicat et l’examen pour
détecter l’épilepsie n’est pas toujours fiable. Quand le doute plane sur ces cas, aucun traitement n’est prérequis après une première crise d’épilepsie. Il faut alors attendre la prochaine pour confirmer cette maladie chronique.
Pierre Gargadennec annonce le diagnostic à son patient et à ses parents. "On venait d’installer au-dessus de sa
tête une épée Damoclès", se rappelle le docteur. Suite à la consultation, le médecin ne revoit plus le patient.
Pourtant, quinze ans plus tard, le jeune homme devenu maintenant adulte, revient dans le cabinet du docteur, mais cette fois-ci, pour un tout autre motif…