Bon ou dangereux ? Les bienfaits du jeûne intermittent sont remis en cause après la parution d'une étude, il y a quelques jours. Le communiqué a été publié lors d’un congrès de la société américaine de cardiologie.
Des chercheurs ont suivi près de 20.000 personnes durant une vingtaine d’années. Et ces spécialistes se sont aperçus que la pratique du jeûne intermittent serait associée à une augmentation du risque de 91% d'avoir une maladie cardiovasculaire.
Pour rappel, le jeûne intermittent consiste à s’abstenir de manger sur une plage horaire. Le plus connu et étudié est le "16/8". Vous mangez durant 8h et vous jeûnez durant 16h. Par exemple, votre premier repas de la journée a lieu à midi et votre dernier à 20h. Ces résultats interpellent car cette pratique était jusque-là considérée comme positive sur la santé.
Et vous devez avoir un réflexe quand vous entendez ce genre d’étude, qui va à l’encontre de tout ce qui a été dit par le passé. Toutes les études s’accordent pour dire que le jeûne intermittent est bon pour la santé, améliorant la sensibilité à l’insuline, la tension artérielle, augmentant la longévité chez l'animal. C’est donc un premier signal d’alerte quand une étude dit l’exact opposé que des dizaines ou centaines d’autres.
Il ne s'agit que d’un communiqué de presse. L’étude n’a pas été publiée. Elle n'a pas été revue par d’autres scientifiques pour la valider. Autre alerte, il faut se méfier des communiqués de presse et attendre toujours la vraie publication dans un journal scientifique. Et certaines données manquent pour pouvoir interpréter les conclusions.
On ne sait pas, par exemple, quel était le mode de vie de ceux qui pratiquent le jeûne intermittent. On ne sait pas si ce jeûne était dans le cadre d'une hygiène de vie ou s’ils étaient stressés, qu’ils sautaient un repas et mangeaient mal de l'autre côté. En clair, si vous faites du jeûne et que vous fumez, que vous ne faites pas de sport et que vous n’avez pas une alimentation équilibrée, évidemment que vous aurez des maladies. Personne n’a jamais dit que le jeûne était miracle !
La corrélation ne vaut pas la causalité. Prenons un exemple, la hausse des ventes de glaces est associée à un risque plus élevé de noyade. Et c’est factuel. Or, en réalité, c'est en été, lorsqu’il fait chaud, que les gens mangent des glaces et qu’ils vont se baigner. C’est donc la baignade le facteur de risque. La glace intervient comme un facteur de confusion. Le lien de cause à effet n’est pas toujours établi dans une étude et c’est le cas ici.
L’étude n’a pas été conçue pour répondre à cette question, donc on ne sait pas quoi faire des résultats. Pire encore, les chercheurs sont incapables d’expliquer leurs résultats. Ils ne savent pas comment expliquer que le jeûne serait dangereux pour la santé. En clair, on est face à un cas typique d’emballement médiatique. On rappelle que ce n’est pas parce que des chercheurs ont publié une étude qu’il faut en tirer des conclusions de façon hâtive.
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