Louis Piprot, infirmier en réanimation raconte le jour où une patiente atteinte d'une cardiomyopathie, une maladie congénitale du cœur, est arrivée dans son service. "C'est une dame qui avait attendu longtemps. Elle était sur ce qu'on appelle la liste des transplantations. Il fallait qu'il y ait un cœur adapté à elle pour qu'elle puisse être transplantée."
Pendant une semaine, le service prépare la patiente à la lourde opération qui l'attend. "La personne qui va se réveiller va être dans une pièce complètement isolée, avec un tuyau dans la bouche qui l'empêche de parler, des tuyaux dans la poitrine pour drainer du liquide suite à l'opération avec encore au bout des tuyaux partout et des médicaments qui passent", précise Louis Piprot dans Symptômes.
Au bloc, l'intervention se déroule sans difficultés. C'est maintenant au tour de Louis de prévenir la patiente, encore extrêmement fatiguée, du succès de l'opération. La prise en charge n'est pas évidente : "la personne ne peut pas verbaliser, ne peut pas dire 'j'ai mal'. Il va falloir réussir à discuter avec elle, ça nécessite de prendre du temps avec la personne, de rester pour essayer de comprendre les mimiques", explique l'infirmier.
Relativement rapidement, on détecte des signes, on appelle ça des signes d'inflammation
Louis Piprot
La patiente semble récupérer progressivement. Si tous les voyants sont au vert, Louis Piprot et ses collègues restent vigilants. Pour éviter que son corps se défende et rejette son cœur greffé, son traitement immunosuppresseur affaiblit son système immunitaire et donc sa capacité à résister face à une infection.
Malgré cette surveillance accrue, l'état de la patiente se dégrade. "Relativement rapidement, on détecte des signes. On appelle ça des signes d'inflammation. Je constate une élévation de la température avec des frissons", se rappelle Louis. Les bilans sanguins sont mauvais et confirment une infection.
Le service de réanimation est dans l'incompréhension : "la bactérie décelée dans le corps de cette patiente, c'est quelque chose qu'on retrouve beaucoup dans la terre, chez les patients qui travaillent dans la mécanique, chez les maçons ou les charpentiers", s'étonne-t-il encore.
On commence à percevoir qu'il y a des germes qui apparaissent et qu'effectivement, visuellement, la cicatrice n'est plus belle
Pour vaincre l'infection, la patiente est rapidement mise sous antibiotiques. Dans le service, la tension monte. "On redouble de vigilance en terme d'hygiène. On essaye de chercher, donc on fouine un peu en parallèle. Et surtout, l'autre question qui nous intéresse, c'est : est-ce que l'antibiothérapie va être suffisante ?"
Les médicaments commencent à faire effet et l'état de la jeune femme s'améliore, mais le répit est de courte de durée. Un nouveau foyer infectieux se développe cette fois-ci sur la cicatrice de la transplantée. "On commence à percevoir qu'il y a des germes qui apparaissent, et qu'effectivement, visuellement, la cicatrice n'est plus belle."
La quantité de bactéries dans le sang commence à remonter malgré l'antibiothérapie. Le traitement s'alourdit et trois antibiotiques sont désormais nécessaires pour traiter cette nouvelle inflammation. La patiente récupère peu à peu mais la vigilance reste maximale dans le service.
Est-ce que la patiente est tirée d'affaire ? Encore une fois, pas vraiment. L’infirmier continue à exercer ce que l'on appelle une "surveillance
rapprochée" en guettant le moindre signe d’une défaillance ou d’une reprise
infectieuse… Et il va devoir donner l’alerte à nouveau. Ce n’est pas une
infection. Mais c’est tout aussi grave…
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