L'Assemblée nationale a adopté une série de mesures pour protéger les enfants d'une surexposition aux écrans. Désormais, même le politique s'en mêle. On entend sans cesse que passer trop de temps devant les écrans est mauvais, mais pourquoi ? Dans le cerveau des plus petits, quand ils bloquent des heures devant des vidéos YouTube, des effets positifs peuvent apparaître.
"Ce qu'on observe chez les enfants et les adolescents, c'est que ça va avoir un effet sur la maturation du cerveau, sur le développement cérébral. Ça va l'accélérer", révèle Grégoire Borst, professeur de neurosciences cognitives. "La maturation va être un peu plus rapide chez les enfants et les adolescents qui utilisent un peu plus les écrans. C'est-à-dire que dans notre cerveau, certaines régions vont se spécialiser progressivement pour certaines fonctions. Ça s'opère un peu plus rapidement quand vous utilisez plus les écrans".
Le cerveau "se réorganise du fait de l'acquisition de nouvelles compétences", poursuit-il. "Utiliser ces écrans, c'est quand même une compétence".
On ne peut toutefois pas affirmer que les écrans sont bons pour la santé des enfants, mais ils ne sont pas si nocifs qu'on le pense. "Il ne faut tomber dans une espèce de psychose vis-à-vis des écrans. Ce qui va être surtout très important, c'est le type de contenu auquel on est exposé. Si on est exposé à du contenu de qualité, on a plutôt des effets positifs sur un certain nombre de compétences", explique Grégoire Borst.
"On peut dire qu'avec les tout petits, un des enjeux est d'avoir une vraie éducation à l'utilisation de ces écrans et de pouvoir dire à des parents que, pour être développé, un enfant a besoin de s'engager dans différents types d'activité", ajoute le professeur. "Il a besoin d'être impliqué aussi dans des activités manuelles, dans des activités motrices, où on lui lit des livres… L'enjeu n'est pas forcément de lui interdire les écrans".
Les mesures adoptées à l'Assemblée nationale visent à lutter contre l'addiction que peuvent créer les écrans. Là aussi, d'un point de vue uniquement neuronal, ce n'est pas si évident. "Ça ne ressemble pas aux autres addictions. Dans les autres, on observe une modification de certains récepteurs dans le cerveau. Quand on est dans une addiction au tabac ou à l'alcool, on a des modifications de ces molécules ou des récepteurs de ces molécules sur les neurones. Ce n'est pas ce qu'on observe pour les écrans", détaille Grégoire Borst avant de prendre l'exemple des jeux vidéo. "Quand on passe un niveau, vous allez avoir une décharge de dopamine. Pour autant, il y a plein d'autres activités qui déclenchent la dopamine. Quand vous faites un très bon repas, vous allez aussi avoir une libération de dopamine".