ÉDITO - Arrêts maladie sans médecin : François Lenglet juge "saugrenue" la proposition de la Cour des comptes
La Cour des Comptes préconise la mise en place d'un dispositif permettant aux salariés de se mettre en arrêt maladie sans consulter un médecin.
Pour que les médecins soient moins surchargés et donc plus accessibles pour les patients, la Cour des comptes fait une proposition révolutionnaire. Elle propose de permettre aux salariés de se mettre eux-mêmes en arrêt de maladie pour les courtes durées plutôt que de passer par un médecin. Et Frédéric Valletoux, ministre délégué à la Santé, semble d'accord. Il a déclaré sur TF1 le 14 mai dernier : "On va regarder ça de près, car c'est une mesure qui permettrait de libérer du temps médical".
Cette proposition est saugrenue, trois fois saugrenue. D'abord parce que la Cour des comptes elle-même ne cesse de demander qu'on limite la croissance des arrêts maladie, qui augmentent de 4% par an depuis 2010. Cela représentait l'année dernière 13,5 milliards d'indemnités journalières annuelles. Limiter la croissance des arrêts en les facilitant, on a du mal à suivre.
Assortir cette mesure d'un jour de carence, non remboursé
Ensuite, parce que depuis le 1ᵉʳ janvier, les arrêts maladie obtenus par cabine de téléconsultation sont limités à 3 jours, justement pour éviter les abus. On impose un examen physique pour toute durée supérieure. Donc, on limiterait les arrêts prescrits par des médecins à distance davantage que ceux qui seraient autoprescrits par le patient. Aberrant.
Sur le fond, on s'attaque au problème de la pénurie de soins en sortant les médecins de la boucle. Pourquoi pas alors permettre aux patients de s'autoprescrire un scanner ou une boîte d'antibiotiques ? On va vite désencombrer les salles d'attente des cabinets médicaux, mais peut-être le déficit de la sécu va-t-il en subir les conséquences ? Et il n'est pas sûr que l'on soit mieux soigné comme ça. Si ce dispositif était assorti d'un vrai jour de carence, non remboursé, pourquoi pas ? Sinon, cela risque fort de constituer une nouvelle étape de la déresponsabilisation des patients que nous sommes, qui n'avons plus guère idée du prix réel de la santé.
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