Addiction à la cocaïne : quand le diagnostic n'est qu'un premier pas

Quand il est arrivé au rendez-vous, Laurent Karila n'a pas mis bien longtemps avant de déceler chez son patient une addiction à la cocaïne : "Il n'arrivait plus du tout à gérer sa consommation qui se faisait dans un contexte de sexualité sous produit. On appelle cela le 'chemsex'. Il s'agit de la contraction du mot anglais "chemical sexual", signifiant "chimique" et "sexualité". Donc c'est un usage de substances ayant pour but d'être performant, en plus d'avoir un effet aphrodisiaque."

Le professeur met donc en place le programme de désintoxication : "C'est un an de suivi avec différents partenaires. Donc il y a une infirmière de mon service qui va le voir tous les quinze jours en faisant du suivi motivationnel, du suivi de consommation, de la psychothérapie de soutien. Il y a une psychologue qui intervient pour travailler les racines de son problème. Il était vu tous les dix jours par la psychologue et moi, je le voyais toutes les trois semaines pour du travail comportemental. Et donc l'idée, c'était d’arriver à ce qu'au bout de trois semaines, ils soient abstinents en cocaïne, car ce sont les semaines de sevrage."

Le patient fait un faux pas au septième mois. "Il était à un anniversaire et c'est l'alcool qui va déclencher l'envie de cocaïne. Il avait un tout petit peu trop bu, quelqu'un lui a proposé une trace de cocaïne et il n'avait pas pu dire non. Son cerveau l'a rappelé", ajoute le professeur. Ce dernier reste confiant : "on ne compte pas les faux pas qui sont isolés comme ça. Donc on poursuit le programme et on arrive à une année d'abstinence."

J'ai découvert ça grâce au patient

Laurent Karila

Après un an et demi d’abstinence et seulement deux erreurs de parcours, le patient va rechuter : "Il me dit, je suis allé à une soirée sexe et que ce n'était pas comme d'habitude. C'était dans un appartement parisien, ils avaient mis des bâches partout et tout le monde s'aspergeait d'essence sans plomb, tout le monde était à moitié à poil...", explique-t-il.

Cependant, ce n’est pas la cocaïne qui le fait flancher : "J'ai découvert ça grâce au patient". Cet élément va bouleverser la carrière et les recherches du professeur en addictologie...

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