Les Verts, on l'a beaucoup dit, on créé la surprise de ces élections européennes. Ils ont recueilli plus de 13% des suffrages. Mais ce n'est pas la première fois. Est-ce que cette fois-ci, cela peut durer ?
Vous voulez savoir s’il y a un développement durable de l’écologie en politique ? Vous avez raison, c’est une vraie question. Parce que, c’est vrai, ce qu’on vit là, on l’a déjà vécu. On l’a vécu avec Daniel Cohn-Bendit en 2009 qui avait fait plus de 16% des voix. Les écolos avaient dit à l’époque que c’était le "D Day de l’écologie politique".
C’était un phénomène. Dans la semaine qui avait suivi Nicolas Sarkozy s’était découvert "plus écologiste que moi tu meurs". Et c’était retombé aussi sec car Nicolas Sarkozy ne voulait pas se mettre à dos les agriculteurs. Parce que le problème de l’écologie, c’est que ça a toujours été un vote alternatif.
Parfois, c’est parce qu’on ne savait pas quoi voter ou parce qu’on se disait que les sujets "écolos" étaient importants ou les deux. Mais jusque-là, jamais les écologistes ne sont parvenus à incarner une force crédible, je veux dire, à la présidentielle. Jamais ils n’ont réussi à faire un score à deux chiffres à l’élection suprême. Le maximum, c’était 5% en 2002. Alors que la présidentielle c’est vraiment l’épreuve du feu !
L’écologie a plus souvent été perçue comme une force d’appoint ou une alternative. Pour être désagréable, pardon, mais à chaque fois que les choses sont devenues sérieuses, ce n’est pas vers l’écologie que l’on s'est tourné.
Jadot veut que l’écologie soit désormais incontournable
Alba Ventura
Est-ce que cela peut changer ? Est-ce que Yannick Jadot peut emmener l'écologie politique au sommet ? Yannick Jadot n’a pas en tête de devenir président de la République mais il a dans la tête l’objectif de construire une force qui oblige les autres à intégrer l’écologie à leur exercice du pouvoir.
Jadot veut que l’écologie soit désormais incontournable, qu’elle soit une évidence, pas de façade comme ça a été le cas dans le passé quand les Verts ont participé à des gouvernements sous Jospin, ou sous Hollande. Sauf que s’il ne veut pas que son score soit un feu de paille, il va falloir qu’il se structure politiquement, qu’il s’impose. Et là... Bon courage !
Bon courage d’abord avec les Verts, parce que, pour les avoir suivi de nombreuses années, ce sont de sacrés zozos intéressants mais très toxiques entre eux ils aiment bien faire des salades ! Il va falloir aller au delà des Verts. D'autant que Yannick Jadot a vendu pendant sa campagne la carte "ni droite ni gauche". Faut-il rappeler qu’à EELV on est surtout "ni de droite ni de droite", on est plutôt "pastèque". Vert dehors rouge dedans !
Puis autre chose, on voit bien que Yannick Jadot n’est pas très allant pour se précipiter dans un trip "gauche plurielle" et on le comprend. Surtout avec des socialistes qui se pensent encore hégémoniques ! Il a plutôt envie pour le moment de rester indépendant.
Mais est-il suffisamment fort ? Pourra-t-il prospérer tout seul sur les sujets écolos ? Comment la société civile peut s’agréger à son projet ? Est-ce qu’il ne sera pas contraint de trouver des alliances ? Beaucoup de questions qui montrent que la tache ne va pas être facile... Les municipales dans un an, seront un premier test.
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