Annonce, contre-annonce, recadrage et mise au point... Le mouvement des "gilets jaunes" est-il en train de provoquer une crise au sommet de l'État. Plus que jamais empêtré dans la crise, Édouard Philippe n'a pas réussi à convaincre, ni à calmer la colère des Français.
Le premier ministre est en première ligne face aux "gilets jaunes". Au lendemain des violences perpétrées la semaine dernière à Paris, Emmanuel Macron s'est rendu sur les lieux touchés par les affrontements, avec Christophe Castaner. Pendant ce temps-là, Édouard Philippe, lui, s'attelait à mettre en place une réponse politique aux "gilets jaunes", en recevant à Matignon, tous ses opposants politiques.
À cela vient s'ajouter une séquence délicate pour le couple exécutif et des tensions sur la ligne politique à adopter se font sentir.
Première dissonance : le moratoire. Le premier ministre a annoncé une suspension de six mois de la hausse des prix du carburant, afin de prendre le temps de revoir la fiscalité écologique et de s'entretenir avec tous les acteurs. Finalement, Emmanuel Macron a tranché et a annoncé une annulation en bonne et due forme de la taxe carbone, pour 2019.
Les annonces de l'exécutif sur l'annulation des hausses de taxes sur les carburants ont donné lieu à des débats tendus à l'Assemblée, les oppositions dénonçant des "contradictions" entre le premier ministre et l'Élysée, alors que reprenait l'examen du projet de réforme de la justice.
Votre gouvernement a été désavoué par M. Macron et M. de Rugy
Fabien Di Filippo, député LR, à Édouard Philippe
"Le Premier ministre quitte à peine l'hémicycle qu'il est contredit par le président de la République et un ministre qui s'appelle François de Rugy", a estimé Philippe Gosselin (LR) en évoquant les déclarations du ministre de la Transition écologique sur BFMTV. "Votre gouvernement a été désavoué par M. Macron et M. de Rugy", a estimé Fabien Di Filippo (LR), ajoutant que les débats sur la fiscalité écologique ayant eu lieu plus tôt dans l'hémicycle "ont été bafoués".
"Il n'y a pas de contradiction", a répondu la garde des Sceaux Nicole Belloubet, épaulée par le ministre chargé des relations avec le Parlement Marc Fesneau. Celui-ci a reproché aux oppositions de "chercher des polémiques sur le sujet" alors que plusieurs députés ont multiplié les rappels au règlement pour dénoncer les conditions d'examen du texte sur la justice.
Deuxième couac : le rétablissement de l'ISF. Au cours du Conseil des ministres ce mercredi, Emmanuel Macron s'est opposé à tout rétablissement de l'ISF, transformé début 2018 en impôt sur la fortune immobilière (IFI).
"Nous ne détricoterons rien de ce qui a été fait depuis dix-huit mois", a déclaré le chef de l'État selon une source. Invité plus tôt à l'antenne de RTL, Benjamin Griveaux indiquait pourtant : "Ce sujet-là n'est pas sur la table". Toutefois, le porte-parole du gouvernement a précisé que "si quelque chose ne marche pas, on n'est pas idiot, on va le changer".
"Nous allons évaluer la transformation de l'ISF en IFI", a affirmé de son côté Marlène Schiappa, secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes, prenant position via un communiqué sur un sujet a priori éloigné de son champ d'action. "Si l'évaluation montre que des capitaux ne sont pas suffisamment injectés dans l'économie française, je proposerai de rétablir l'ISF", a insisté la secrétaire d'État, disant "défendre une position personnelle".
Édouard Philippe a également jugé "nécessaire" un débat sur la réforme de l'Impôt sur la fortune (ISF) - que le président Emmanuel Macron exclut de remettre en place.
Il n'y a pas de divergence dans la gestion de la crise des "gilets jaunes" entre Emmanuel Macron et Édouard Philippe, affirme de son côté, le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand. Interrogé sur Radio Classique, ce ponte de la macronie a dit "ne pas le croire une demi-seconde". "Je sais que c'est faux pour avoir eu l'occasion encore très récemment d'échanger" avec eux, a-t-il ajouté.
"Le président, je l'ai eu au téléphone il y a quelques minutes", a assuré le ministre sur BFMTV. "Il m'a dit : 'Les gens ont eu l'impression qu'il y avait une entourloupe, qu'on leur disait c'est une suspension mais hop, ça reviendra après'". Selon Richard Ferrand, "l'Élysée a voulu dire de manière simple ce que le Premier ministre avait dit de manière plus élaborée. Quand on prend une décision de suspension, de moratoire, on sait que ça ne revient jamais donc autant dire les choses clairement : annulation. C'est l'équivalent".
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte