Traité de Maastricht : pourquoi le débat Mitterrand-Séguin est "historique" ?

Le 20 septembre 1992, les Français sont invités à s'exprimer dans les urnes sur l'avenir de la France dans l'Europe. La campagne bat son plein pour les partisans du "Oui" et du "Non". Et si François Mitterrand se dit effectivement assuré de voir ses idées l'emporter, dans son camp, on s'inquiète du "Non". 

Le 3 septembre 1992, le président de la République décide d'organiser un évènement télé. "Alors, c'était digne d'un grand show quand même", souligne Flavie Flament dans Jour J.  "C'était avec un décorum énorme dans l'amphithéâtre de la Sorbonne, présenté avec Guillaume Durand avec beaucoup de peoples dans les travées. C'est un show, ça en jette", poursuit Michaël Moreau, journaliste et coréalisateur du documentaire Maastricht : 30 ans après.

"C'est quelque chose de savoureux et de tragique à la fois. François Mitterrand, les Français ne le savent pas encore, est très malade (il souffre d'un cancer de la prostate, ndlr) et ça se lit sur son visage rétrospectivement. Et en même temps, il n'est absolument pas dénué de son humour, de son esprit, de sa répartie qu'il avait déjà démontrée face à Chirac en 88", renchérit Dimitri Queffelec, journaliste et coréalisateur du documentaire Maastricht : 30 ans après.

"C'est vraiment un débat qui reste totalement inédit, totalement historique. Il y a un duel dans ce débat avec Philippe Séguin et cette tragédie qui se passe en coulisses (la maladie de Mitterrand", ajoute Michaël Moreau. Philippe Séguin, député-maire d'Épinal est le chef de file, du camp du "Non".

Un débat "de très haut niveau"

C'était un débat "de très haut niveau avec deux personnalités qui ont osé s'affronter, ce qui n'était pas forcément évident qu'un président de la République en exercice descende dans l'arène face à un député de l'opposition. C'est très respectueux, même si dans l'entourage de Philippe Séguin, on n'aurait pas forcément aimé que ce soit autant respectueux", décrit Michaël Moreau.  

François Mitterrand est déjà très atteint par la maladie et cela va d'autant plus toucher Philippe Séguin dans le débat, car avant la rencontre, "il va voir François Mitterrand qui reçoit des soins dans les sous-sols (du plateau du débat, ndrl)" et "on lui a reproché de faire preuve d'une trop grande déférence", commente Dimitri Queffelec. Même si Mitterrand n'avait pas été malade, Séguin se serait "comporté de la même manière, c'est mon intuition", ajoute-t-il. 

"À l'époque, il n'y a que Philippe Séguin qui voit cette maladie, les Français ne le savent pas, mais il se joue quelque chose d'humain ce soir-là", note de son côté Michaël Moreau. 

"Les différents intervenants (du documentaire, ndlr) disent, affirment que le débat a eu un impact (sur le vote, ndlr) parce que François Mitterrand a été très très bon lors de ce début, il a presque dominé souvent Séguin marqué par la maladie du président", conclut Dimitri Queffelec. 

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