Édouard Philippe, s'est exprimé, mercredi 27 novembre, sur le sujet brûlant de la réforme des retraites. À l'écoute du Premier ministre, on a compris une intention, mais qui n'était guère précise. Il faut en fait attendre le 9 ou le 10 décembre prochain, au moment où Jean-Paul Delevoye, responsable du dossier au gouvernement, reprendra la parole lui aussi pour présenter les options retenues par l'État.
Ce cirque de concertations, de déclarations successives et contradictoires dure
maintenant depuis dix-huit mois, et il n'est pas terminé. La
date annoncée est d'ailleurs
assez singulière, car il est possible que nous soyons encore en pleine grève des transports publics.
Si je résume les dernières déclarations d'Édouard Philippe, la réforme va
se faire, mais on va prendre des gants. Un message soigneusement calibré, non
pas pour donner des infos, mais pour indiquer que la
viande est maintenant plus tendre. En clair, le gouvernement est prêt à des
concessions.
La question clé de la réforme n'est pas quoi, mais quand. Et c'est là qu'on va lâcher du lest. Dans le projet initial, la réforme s'appliquait à partir de la génération née en 1963. Implicitement, le Premier ministre a reconnu que changer les règles pour ceux qui n'étaient qu'à 5 ans de leur retraite n'était pas souhaitable. En particulier pour les mères de famille, dont certaines seront pénalisées par le nouveau système, les mères de famille nombreuse par exemple.
En toute logique, cela veut dire qu'on décalerait le déclenchement de la réforme à la génération née cinq ans plus tard que prévu, voire dix ans plus tard. Et qu'on aménagerait des transitions spécifiques pour chacun des régimes spéciaux ou autonomes. De quoi désarmer une bonne partie des opposants. À quoi s'ajoutent, nous dit le Premier ministre, différents édulcorants : extension de la pénibilité à la fonction publique, garantie pour les carrières des enseignants... La pompe à milliards va se mettre en marche.
Au départ, il n'était pas question de travailler plus longtemps. Puis le projet Delevoye a mentionné la mise en place d'un âge pivot à 64 ans. Lequel a été tué par le président Macron lui-même, qui a parlé d'augmenter plutôt la durée de cotisation. En réalité, pour paraphraser un humoriste, travailler plus longtemps, le gouvernement n'est ni pour, ni contre, bien au contraire.
C'est pourtant le seul sujet important qui touche aux retraites, qui découle d'un phénomène puissant et inexorable : le ratio entre les cotisants et les pensionnés ne cesse de se détériorer, à cause du vieillissement de la population. Le comble, ce serait que l'usine à gaz péniblement élaborée par le gouvernement en plusieurs années de tractations laborieuses et de grèves ne traite pas le seul problème qui se pose vraiment, l'allongement nécessaire de la carrière.